L’agenda de l’histoire globale – 2d trim. 2011

Voici l’agenda trimestriel des manifestations liée à l’histoire globale (colloque, journée d’étude, séminaire…) dans le monde francophone.

Si vous organisez ou avez connaissance d’un événement susceptible d’être relayé par ce blog, envoyez un courriel à sh.testot [at] wanadoo.fr en mettant en sujet : Agenda histoire globale.

Colloques

Festival « Un monde d’urgences : Risques et défis géopolitiques d’aujourd’hui »

Grenoble, 38000, École de management, 12, rue Pierre-Semard.

Contact : Patricia Ide-Beretti, ide-beretti [at] puf.com, www.grenoble-em.com/festival

Le 3e Festival de géopolitique et de géoéconomie de Grenoble s’attachera à définir les nouveaux risques – environnementaux, criminels, informatiques, médiatiques, économiques, politiques, sociaux… – en mettant l’accent sur le risque géopolitique et les nouvelles zones à risques. Il analysera les conséquences de ces nouveaux risques pour les administrations et les entreprises, et aussi pour les simples citoyens. Il s’efforcera de définir les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour connaître ces risques, les maîtriser mais aussi les assumer.

• mercredi 23 mars 2011 à partir de 17 h : Café géopolitique sur le thème « La grande intifada : le dégel du monde arabe ? », en association avec la librairie Decitre.

• du jeudi 24 au dimanche 27 mars 2011 : Participeront entre autres à cette 3e édition des spécialistes des problématiques géopolitiques, économiques, managériales, tels que Pascal Boniface, Dominique David, Mathieu Duchâtel, Pascal Gauchon, Patrice Gourdin, Olivier Guillard, Dominique Hamon, Christian Harbulot, Ludovic Jeanne, Tancrède Josseran, Claude Kergomard, Marie Ladier-Fouladi, Pascal Lorot, Richard Malka, Jean-Sylvestre Mongrenier, Philippe Moreau-Defarges, Frédéric Munier, Nicolas Pinaud, Maxime Prevel, Bouchra Rahmouni Benhida, Virginie Raisson, Xavier Raufer, Christian Saint Etienne, Younes Slaoui, Thomas Snégaroff, Folashadé A. Soulé-Kohndou, Cédric Tellenne, David Teurtrie, Philippe Trainar, Pierre Verluise, Dominique Vidal…

Prendra place à cette occasion la 1re édition du Festival du film géopolitique : 8 représentations aborderont ce thème sous un angle cinématographique et seront données du 23 au 27 mars 2011 dans différents endroits de la ville.

Colloque international « Gouvernance mondiale et éthique au 21e siècle »

Paris, 75005, Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy.

En partenariat avec l’Université du Luxembourg.

Tarif 30 €. Gratuit pour les moins de 26 ans, dans la limite des places disponibles. Tarif réduit 20 € pour les demandeurs d’emploi, bénéficiaires des minima sociaux (sur présentation d’un justificatif). La soirée inaugurale est en entrée libre dans la limite des places disponibles.

Informations, tél. : 01 53 10 74 44. http://www.collegedesbernardins.fr/index.php/rencontres-a-debats/colloques/gouvernance-mondiale-et-ethique-au-xxie-siecle/37-colloque/1355-colloque–gouvernance-mondiale-et-ethique-au-xxie-siecle.html [Inscription possible en ligne]

Est-il utopique d’envisager une gouvernance à l’échelle du monde acceptée par tous ? L’usage croissant du terme invite à réfléchir à ce qu’est la gouvernance, à son usage et à ses formes au regard des enjeux économiques, environnementaux, politiques, sociaux et scientifiques contemporains. À la confluence du droit, de l’économie, de la morale, de la philosophie, de la science politique et de la théologie, rassemblant aussi bien des praticiens que des chercheurs, le colloque propose d’approfondir ces questions désormais primordiales pour l’humanité.

• mercredi 23 mars 2011 de 19 h à 21 h 30 : Séance d’ouverture avec Pascal Lamy (directeur général de l’OMC), Mgr Éric de Moulins-Beaufort (Collège des Bernardins) et Nicolas Schmit (ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration du Luxembourg).

• jeudi 24 mars 2011 de 9 h à 12 h 30 : Thème : « Les différents projets de “gouvernance globale” ». Intervenants : René Leboutte (université du Luxembourg), Philippe Poirier (université du Luxembourg), Osamu Nashitani (Tokyo University of Foreign Studies), Philippe Herzog (Confrontations Europe, Paris), Nicolas Baverez (essayiste, Paris).

• jeudi 24 mars 2011 de 14 h 30 à 18 h : Thème : « La gouvernance mondiale, impossible et nécessaire ». Intervenants : Jérôme Vignon (président des Semaines Sociales de France, Montrouge), Henri Bourguinat (Université Montesquieu Bordeaux IV), Jean-Pierre Gaudin, directeur du laboratoire Cherpa, Institut d’Études politiques d’Aix-en-Provence), Laurence Tubiana (Institut du développement durable et des relations internationales, Paris), Yves Boyer (École Polytechnique, Fondation pour la recherche stratégique, Paris).

• vendredi 25 mars 2011 de 9 h à 12 h 30 : Thème : « Au-delà des instruments de la gouvernance actuelle ». Intervenants : Jean-Pierre Jouyet (président de l’Autorité des marchés financiers, Paris), Gérard-François Dumont (université Paris-4), Thierry Vedel (Institut d’études politiques de Paris), Chu Shulong (Tsinghua University, Beijing), Saskia Sassen (Columbia University).

• vendredi 25 mars 2011 de 14 h 30 à 18 h : Thème : « Les fondements éthiques et spirituels d’une gouvernance acceptée par tous ». Intervenants : Alain Supiot (directeur de l’Institut d’études avancées de Nantes), Pierre Martinot-Lagarde (Organisation internationale du Travail, Genève – sous réserve), Yves Charles Zarka (université Paris-Descartes), Jean-Marc Ferry (Université libre de Bruxelles), Christian Lequesne (directeur du Centre d’études et de recherches internationales de l’Institut d’études politiques de Paris), Lukas Sosoe (université du Luxembourg), Frédéric Louzeau (Collège des Bernardins).

Colloque « Inequalities in a context of global recession: Perceptions, framing and politicization »

Paris, 75007, Sciences Po, 56 rue des Saints-Pères, salle Goguel.

Langue de travail : anglais.

http://blogs.sciences-po.fr/recherche-inegalites/2011/03/02/inequalities-in-a-context-of-global-recession-perceptions-framing-and-politicization-26-28-may-2011

• jeudi 26 mai de 14 h à 15 h : « Opening », intervenantes : Marie Duru-Bellat (Sciences Po, OSC), Nonna Mayer (Sciences Po, CEE, CNRS) et Laurence Tubiana (Sciences Po, IDDRI).

• jeudi 26 mai de 15 h à 17 h 30 : « Session 1. Political economy of inequalities », intervenants : Pablo Beramendi (University College, Oxford), Bruno Palier (Sciences Po, CEE, CNRS) et Joshua Guetzkow (Hebrew University of Jerusalem).

• vendredi 27 mai de 9 h 30 à 12 h 30 : « Session 2. Compared perceptions of inequalities and justice », intervenants : Camille Bedock (IUE, Sciences Po, CEE), Marie Duru-Bellat (Sciences Po, OSC), Élise Tenret (Sciences Po, OSC), Frédéric Gonthier (IEP Grenoble), Varun Gauri (World Bank), Leslie McCall (Northwestern University).

• vendredi 27 mai de 14 h 30 à 17 h 30 : « Session 3. Reactions to inequalities in the South: case studies », intervenants : Laurence Louër (Sciences Po, Ceri), Marcelo de Almeida Medeiros (Federal University Pernambuco), Moustapha Sene (Rennes-1).

• samedi 28 mai de 9 h 30 à 12 h 30 : « Session 4. The subjective experience and reactions to poverty and inequality », intervenants : Nissim Mizrachi (Tel Aviv University), Hanna Herzog (Tel Aviv University), Josh Guetzkow (Hebrew University of Jerusalem), Michèle Lamont (Harvard University), Crystal Fleming (Harvard University), Jessica Welburn (Harvard University), Jennifer M. Silva (Harvard University), Graziella Moraes da Silva (Federal University Rio de Janeiro) et Elisa Reis (Federal University Rio de Janeiro).

• samedi 28 mai de 12 h 30 à 13 h : « Wrapping up intervention », intervenantes : Marie Duru-Bellat (Sciences Po, OSC), Nonna Mayer (Sciences Po, CEE, CNRS), Laurence Tubiana (Sciences Po, IDDRI).

 

Colloques importants du monde non francophone

Colloque international « Connections and Comparisons »

Le 3e colloque européen sur la World and Global History de l’European Network in Universal and Global History se tiendra à Londres du 14 au 17 avril 2011.

http://wwwdup.uni-leipzig.de/~eniugh/congress2011/home

Colloque international « China in World History » /
« World History from the Center and the Periphery »

Le colloque annuel de la World History Association se tiendra à Pékin du 7 au 10 juillet 2011. http://www.thewha.org

 

 

 

Conférences, débats, tables rondes et journées d’étude

Journée d’étude : « The rise of China: Views of key countries »

Organisée par l’Asia Center et la Transatlantic Academy.

Langue de travail : anglais.

Paris, 75006, Céri, 56, rue Jacob.

Contact : Edouard de Tinguy, edetinguy [at] gmfus.org, http://electrodocehess.wordpress.com/2011/03/09/the-rise-of-china-views-of-key-countries

• lundi 28 mars 2011 de 9 h à 13 h 30 : Trois tables rondes intitulées : « American and European views on the rise of Asia », avec les interventions de James Goldgeier (George Washington University), Daniel Deudney (Johns Hopkins University) et François Godement (IEP-Paris) ; « Views from the region: India and Japan », avec les interventions de Swaran Singh (Jawahrlal Nehru University), Iskander Rehman (IEP-Paris) et Kubo Fumiaki (University of Tokyo) ; « How China sees its image », avec les interventions de Cui Liru (president of the China Institute of Contemporary International Relations), Eberhard Sandschneider (director of the German Society for Foreign Policy) et François Godement.

 

 

Cafés géographiques

Contact : www.cafe-geo.net

• mardi 29 mars de 19 h 30 à 21 h 30 : Débat « La géographie, c’est le goût des autres » animé par Gilles Fumey (Paris-4) et Emmanuel Lézy (Paris-Ouest-Nanterre-La-Défense). Lieu : Paris, 75006, Café le Flore, 172 bd Saint-Germain.

• samedi 2 avril 2011 de 15 h à 18 h : Débat « Géohistoire de nos quartiers, et du monde » animé par Christiane Demeulenaere (historienne, conservateur général du patrimoine, vice-présidente de l’AHAV), Jean-Luc Pinol et Maurice Garden (auteurs de L’Atlas des Parisiens), Christian Grataloup (géographe, Paris-7), Philippe Pelletier (géographe, Lyon-2), Federico Ferretti (géographe, équipe EHGO). Lieu : Paris, 75020, La Bellevilloise, 21 rue Boyer.

• lundi 28 mars à 18 h 15 : Débat « L’Eurasie turcophone : petit essai de géographie linguistique » animé par Stéphane de Tapia (CNRS, département d’études turques de l’université de Strasbourg). Lieu : Rennes, 35000, café Le Damier, 9 place Sainte-Anne.

 

 

Cycle de conférences de l’Université populaire du quai Branly : « Histoire mondiale de la colonisation », série : « Les grandes figures de la décolonisation »

Paris, 75007, musée du quai Branly, 218, rue de l’Université.

Contact : Nathalie Mercier, nathalie.mercier [at] quaibranly.fr

• jeudi 31 mars 2011 à 18 h 30 : Intervention de Patrick Lozès sur « Toussaint Louverture ».

• jeudi 7 avril 2011 à 18 h 30 : Intervention de Benjamin Stora sur « Abd El Kader ».

• jeudi 12 mai 2011 à 18 h 30 : Intervention de Catherine Clément sur « Gandhi ».

• jeudi 2 juin 2011 à 18 h 30 : Intervention de Yves Chevrier sur « Mao ».

• jeudi 9 juin 2011 à 18 h 30 : Intervention de Yves Saint-Geours sur « Le bolivarisme ».

• jeudi 16 juin à 18 h 30 : Intervention de Yves Saint-Geours sur « Le néobolivarisme ».

 

 

Conférences autour du thème « Culture et civilisations, des origines aux hommes du 21e siècle »

Antony, 92160, théâtre Firmin Garnier.

Manifestation organisée par la ville d’Antony, avec la participation des Éditions Ellipses. Accès libre.

Contact : Cédric Grimoult, grimoult [at] aol.com

Ce colloque vise à présenter les avancées récentes dans le domaine de l’histoire globale.

• dimanche 3 avril, à partir de 14 h 30 : Intervenants : Cédric Grimoult, historien, auteur de nombreux livres dont Les Sciences de l’évolution face aux religions (avec Jean Chaline) ; Jean Chaline, paléontologue, auteur notamment de Un million de générations. Aux sources de l’humanité et Quoi de neuf depuis Darwin ? ; Christian Grataloup, professeur de géographie à l’Université Paris-7-Denis-Diderot et auteur de plusieurs livres majeurs dont L’Invention des continents, Géohistoire de la mondialisation et Faut-il penser autrement l’histoire du monde ? ; Laurent Testot, journaliste à la revue Sciences Humaines, coanimateur du blog Histoire globale, directeur du livre Histoire globale, un nouveau regard sur le monde.

 

 

Bistrot des ethnologues

Montpellier, 34090, Café La Laiterie des Beaux Arts, 4 rue de Lunaret.

Contact : www.ethnobistro.fr

• mardi 5 avril 2011 à 20 h 30 : Conférence-débat « Retour sur le cannibalisme et sa phobie » de Georges Guille-Escuret (anthropologue, CNRS), auteur de Sociologie comparée du cannibalisme. T. I : Proies et captifs en Afrique ; T. II et III à paraître sur l’Océanie et les Amériques.

Cycle de conférences « Histoire : projections de forces et de puissance, de l’Antiquité à nos jours »

Paris, 75007, École militaire, 21, place Joffre, amphithéâtre de Bourcet de l’École militaire.

Inscription requise : inscription.irsem [at] defense.gouv.fr

De la pratique du rezzou primitif à la constitution de corps expéditionnaires structurés, la guerre a souvent pris la forme de ce que les Anglo-Saxons ont dénommé des actions de Hit and Run. À l¹époque contemporaine, en devenant « projection de puissance », la projection de forces tend à abolir les distinctions entre la conquête, l’occupation et le raid.

• mardi 5 avril 2011 de 18 h à 19 h 30 : Conférence de Laurent Henninger (Irserm) intitulée « Les Banana Wars américaines, 1898-1934 ».

• mardi 10 mai 2011 de 18 h à 19 h 30 : Conférence de Jean-Christophe Romer (université de Strasbourg) intitulée « La projection de puissance soviétique dans le Tiers-Monde, dans les années 70 et 80 ».

 

Cafés « Histoire » de l’association Thucydide

Paris, 75012, Bistrot Saint-Antoine, 58, rue du Faubourg-Saint-Antoine.

Contact : http://cafes.thucydide.com/

• mardi 5 avril 2011 de 20 h à 21 h 30 : Interventions de Philippe Contamine et Gilles Ferragu autour du thème « Une histoire des otages du Moyen Âge à nos jours ».

• jeudi 26 mai 2011 de 20 h à 21 h 30 : Conférence de Jean Delumeau intitulée « Une histoire de la peur ».

 

 

Cycle de conférences de l’Université populaire du quai Branly : « Décalage : les autres et nous »

Paris, 75007, Musée du quai Branly, 218, rue de l’Université, théâtre Claude Lévi-Strauss.

Contact : Nathalie Mercier, nathalie.mercier [at] quaibranly.fr

Accès libre dans la limite des places disponibles.

Ce cycle propose de confronter les visions occidentales et extra-occidentales d’un objet ou d’un sujet. Une nouvelle façon de se déplacer à travers le regard des autres pour développer le dialogue des cultures.

• jeudi 5 mai 2011 à 18 h 30 : « Le voile dans l’histoire de l’Europe et dans l’histoire de l’Orient », interventions d’Élisabeth Dufourcq, docteure en science politique, et Fanny Colonna, anthropologue.

 

 

 

Séminaires

Séminaire « Les mondes de l’océan Indien (1er-18e siècle) »

Paris, 75004, CEMAf-Paris, université Paris-1-Panthéon-Sorbonne, Centre Malher, 9 rue Malher, salle 107.

Contact : Philippe Beaujard, beaujard [at] ehess.fr

Séminaire commun du CEMAf et du Laboratoire Islam médiéval UMR 8167, avec le soutien de l’ANR MeDIan.

Longtemps l’historiographie de l’océan Indien entre 16e et 18e siècle s’est principalement réduite à une histoire impériale européocentrée, focalisée sur les aléas de l’Empire portugais d’Asie et l’expansionnisme des grandes compagnies néerlandaises, anglaises et françaises. Dans cette perspective, les sociétés asiatiques et africaines étaient avant tout abordées dans leurs rapports aux empires européens et à leurs représentants. D’autres approches, rejetant cette tendance, ont à l’inverse privilégié un cadre d’étude reposant sur les aires culturelles, au risque de cloisonner les espaces et de minimiser les interactions à l’échelle globale. Afin de s’extraire des limitations propres à ces approches contradictoires, il semble indispensable d’envisager – sur la très longue durée – l’océan Indien en tant que creuset culturel et bassin d’interactions multiples et décentrées, dont les Européens ne constituent à l’époque moderne que des acteurs certes puissants mais parmi d’autres.

• jeudi 24 mars 2011 de 10 h à 12 h : Intervention de Thomas Vernet (Paris-1, CEMAf) intitulée « Voyageurs et marchands africains dans l’océan Indien : mobilités et réseaux swahilis 1500-1800 ».

• jeudi 31 mars 2011 de 10 h à 12 h : Intervention de Dejanirah Couto (EPHE) intitulée « Les chroniqueurs portugais ».

• jeudi 7 avril 2011 de 10 h à 12 h : Intervention de Dejanirah Couto (EPHE) intitulée « La violence dans les textes portugais sur l’océan Indien ».

• jeudi 28 avril 2011 de 10 h à 12 h : Intervention d’Emmanuelle Vagnon (CNRS/BnF-Cartes et Plans) intitulée « Cartographie de l’océan Indien de l’Antiquité au 16e siècle. Constitution d’un atlas historique et recherche sur les toponymes (présentation du projet MeDIan/Bibliothèque nationale de France) ».

• jeudi 5 mai 2011 de 10 h à 12 h : Intervention de Christophe Picard (Paris-1) intitulée « L’océan Indien et la mer Méditerranée en miroir : la description des deux espaces maritimes dans les premiers siècles de l’Islam 1. La période des conquêtes ».

• jeudi 12 mai 2011 de 10 h à 12 h : Intervention de Christophe Picard (Paris-1) intitulée « L’océan Indien et la mer Méditerranée en miroir : la description des deux espaces maritimes dans les premiers siècles de l’Islam 2. La période abbasside ».

• jeudi 19 mai 2011 de 10 h à 12 h : Intervention d’Elizabeth Lambourn (De Monfort University / SOAS). intitulée « Cultures matérielles et identités dans l’océan Indien médiéval : l’inventaire des possessions d’Abraham Ben Yiju ».

Séminaire « Sociologie de la globalisation : consommation critique et mouvements sociaux dans l’âge global »

Paris, 75006, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 105 bd Raspail, salle 4.

Ouvert aux chercheurs confirmés, doctorants et étudiants de master. Des auditeurs libres peuvent être admis sur requête.

Contacts : Luis Lopez Aspeitia et Geoffrey Pleyers, laspeitia [at] yahoo.fr et Geoffrey.Pleyers [at] uclouvain.be

Cette seconde année de séminaire porte sur la question de l’agence sociale dans un monde global. Les défis à ce niveau sont considérables, qu’il s’agisse d’enjeux collectifs globaux (réchauffement climatique, ressources naturelles limitées, migrations, crise économique…) ou de l’invention de nouvelles formes d’individualité, de sociabilité et d’engagement. Les recherches présentées articuleront leurs analyses sur la base de terrains de recherche dans différentes régions du monde.

• jeudi 24 mars 2011 de 17 h à 19 h : Thème « Les acteurs de la ville durable ».

• jeudi 7 avril 2011 de 17 h à 19 h : Thème « Alter-consommation : un panorama international ».

• jeudi 5 mai 2011 de 17 h à 19 h : Thème « Consommation alternative et mouvements dans la globalisation : quel rôle pour les organisations entre l’individu et le global ? ».

• jeudi 19 mai 2011 de 17 h à 19 h : Conclusion du séminaire.

Séminaire « Histoire mondiale »

Paris, École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, escalier D, 3e étage.

Ouvert à tous.

Contact : Chloé Maurel, chmaurel [at] yahoo.fr

Depuis les années 1980, le courant de la world history ou histoire mondiale a connu un vif essor outre-Atlantique. Ce n’est que lentement que ce courant a pénétré en France. Il y avait pourtant connu des précurseurs : Marc Bloch, Lucien Febvre ou Fernand Braudel. Il s’agira donc de renouer le lien entre ces deux approches (française et anglo-saxonne) et de montrer ce que peut apporter l’histoire mondiale à la compréhension du monde passé et actuel. Cela amènera à réfléchir à la possibilité d’une histoire culturelle mondiale ou d’une histoire sociale mondiale, sur le modèle de l’histoire économique qui présente souvent un récit unifié à l’échelle mondiale.

• jeudi 24 mars 2011 de 18 h à 20 h : Interventions de Céline Giton, doctorante à Sciences Po, sur la politique mondiale du livre de l’Unesco, et de Marie Caillot, doctorante à l’École nationale des Chartes, sur l’Office international des musées.

• jeudi 7 avril 2011 de 18 h à 20 h : Intervention de Thomas Cayet, post-doc au Centre d’études européennes de Sciences Po : « De l’OIT, au sein de la SDN, aux Nations-Unies, quelle organisation du travail pour quelle “modernisation” économique ? » ; présentation de Transform !, revue européenne pour une pensée alternative et un dialogue politique, par Élisabeth Gauthier, membre de la rédaction européenne de Transform !

• jeudi 12 mai 2011 de 18 h à 20 h : Intervention de Laurent Berger, chargé de la recherche au département de la recherche et de l’enseignement du Musée du Quai Branly, sur l’anthropologie globale.

Séminaire « État, travail et société aux 18e-19e siècles (Angleterre, France et monde atlantique) »

Organisé par l’EHESS et l’université Paris-8.

Contact : Philippe Minard, philippe.minard [at] ens.fr

• vendredi 25 mars de 14 h à 18 h : Séance commune avec le Programme de recherches interdisciplinaires sur les îles britanniques. Intervenant : Sankar Muthu (University of Chicago), « Citizens of the world in the age of Enlightenment: The promise and peril of global ties » ; Frank Trentmann (Birbeck College), « Empires and Consumption, c. 1650-1914 ». Discutants : Alessandro Stanziani (EHESS) et Philippe Minard (Paris-8 et EHESS). Lieu : Paris, 75004, 10, rue Charles-V, salle C 330.

• vendredi 1er avril de 14 h à 17 h : Séance commune avec le Programme de recherches interdisciplinaires sur les îles britanniques. Intervenant : John Tosh (Roehampton University), « Colonial emigration from nineteenth-century Britain: Emigration as a key feature of gender relations ». Discutants : Florence Tamagne (Lille-3) et Julien Vincent (université de Franche-Comté). Lieu : Paris, 75004, 10, rue Charles-V, salle C 330.

• vendredi 8 avril de 14 h à 16 h : Intervenant : Frank Trentmann (Birbeck College), « The politics of everyday life: consumers, citizens and the city in Victorian and Edwardian Britain ». Lieu : Paris, 75005, ENS, 45 rue d’Ulm, salle F (escalier D, 1er étage).

• vendredi 6 mai de 14 h à 16 h : Intervenant : Guillaume Foutrier (université de Caen et UMR IDHE-CNRS), « Les merciers de Rouen, 1750-1840 ». Lieu : Paris, 75005, ENS, 45 rue d’Ulm, salle F (escalier D, 1er étage).

• vendredi 13 mai de 14 h à 17 h : Séance commune avec le Programme de recherches interdisciplinaires sur les îles britanniques. Intervenant : Michael Braddick (University of Sheffield), « Authority and regulation in the early modern English state and the first British Empire ». Lieu : Paris, 75004, 10, rue Charles-V, salle C 330.

• vendredi 20 mai de 14 h à 16 h : Intervenant : Michael Braddick (University of Sheffield), « How the modern world made Britain: Britain’s sonderweg, c. 1480-1830 ». Lieu : Paris, 75005, ENS, 45 rue d’Ulm, salle F (escalier D, 1er étage).

• vendredi 27 mai de 14 h à 16 h : Intervenant : Michael Braddick (University of Sheffield), « Political partisanship, individual agency and social relations in early modern England ». Lieu : Paris, 75005, ENS, 45 rue d’Ulm, salle F (escalier D, 1er étage).

 

 

Séminaire « Empires. Histoire des colonisations »

Paris, 75005, Institut d’histoire moderne et contemporaine (IHMC), 45 rue d’Ulm, salle de réunion.

Contact : Pierre Singaravélou, pierre.singaravelou [at] gmail.com

L’enjeu de ce séminaire collectif de recherche est double. Il voudrait être un lieu de convergence ouvert à toutes les recherches sur les colonisations et les empires à l’époque moderne et à l’époque contemporaine en franchissant les frontières tracées par les aires culturelles et par les disciplines. Il sera aussi un lieu de réflexion, pratique et méthodologique, épistémologique et historiographique, sur des objets et un domaine qui font de toute évidence débat. Il s’agit donc de construire collectivement un espace où nourrir ce débat en présentant les apports de recherches fondées sur des questionnements différents et en analysant de façon critique les sources et les outils qu’elles utilisent. Pour la deuxième année, le séminaire s’articule autour d’une réflexion sur la notion d’Empire.

• lundi 11 avril 2011 de 18 h à 20 h : Intervention de Jean-Paul Zuniga (EHESS) intitulée « Circulations impériales : la Nouvelle Espagne dans la monarchie espagnole au 18e siècle »

• lundi 9 mai 2011 de 18 h à 20 h : Intervention d’Alan Lester (University of Sussex) intitulée « Networks in the British new imperial history: Potentiality and pitfalls ».

• lundi 20 juin 2011 de 18 h à 20 h : Intervention d’Armelle Enders (Paris-4-Sorbonne) et Geneviève Verdo (Paris-1-Panthéon-Sorbonne) intitulée « Projets d’Empires et reconversions impériales dans le monde ibérique : étude comparée des cas portugais et espagnols, 18e-19e siècle ».

 

 

Séminaire « Les fabriques impériales de la modernité », cycle : « L’épreuve des Indes »

Paris, 75006, Centre d’études et de recherches internationales (Ceri), 56 rue Jacob, Salle du Conseil, 4e étage.

Séminaire de recherche de 3e cycle, ouvert à tous les étudiants de M2 et de doctorat, quelle que soit leur discipline ou leur institution de rattachement. Demandes d’inscription requises.

Contacts : Romain Bertrand et Stéphane van Damme, romain.bertrand [at] sciences-po.fr et stephane.van.damme [at] sciences-po.fr

Histoire culturelle, histoire comparée, histoire globale, histoire coloniale, histoire croisée ou histoire connectée… Depuis une dizaine d’années fleurissent des courants examinant à nouveaux frais le passé. Il s’agit ici d’en préciser les apports et les limites respectives dans les situations de premier contact entre les empires coloniaux et les sociétés concernées, au principe de la fabrique du Grand Partage entre « l’Occident et le reste ».

• vendredi 15 avril de 10 h à 13 h : Autour du thème « La preuve par les Indes III : Autorité des textes et vérités d’expérience », interventions d’Antonio Barrera (Colgate University) intitulée « Nature and reports: Native American knowledge and European experience in the making of the early modern science », et d’Antonella Romano (IUE Florence), « Writing about China in the 17th century. Mexican and Roman perspectives between texts and experiences ». Discutant : Stéphane van Damme (CHSP).

• vendredi 13 mai 2011 de 10 h à 13 h : Autour du thème « Le langage de la rencontre : traductions et malentendus », interventions d’Aliocha Maldavsky (Université de Nanterre / Mascipo) intitulée « Malentendus missionnaires dans l’Amérique ibérique : histoire et historiographie », et de Paul Cohen (University of Toronto), « Naviguer un empire de Babel : la médiation linguistique comme outil politique et comme expérience sociale dans l’Amérique française (17e-18e siècles) ». Discutant : Alexis Tadié (Paris-4)

• vendredi 20 juin 2011 de 10 h à 13 h : Autour du thème « Cités coloniales, villes morales ? Honneur et réputation sur la “route des Indes” », interventions de Nigel Worden (University of Cape Town) intitulée « Masculinity, violence and honour in 18th Century Cape Town », et de Remco Raben (Utrecht University), « Law and disorder in Dutch Asia. Ethnic self-rule and company justice in 18th century Batavia and Colombo ». Discutant : Kapil Raj (EHESS).

 

 

Séminaire « Rencontres et croisements. Histoire des sociétés africaines en mondialisation (15e-20e siècle) »

Paris, 75004, CEMAf-Paris, Université Paris-1-Panthéon-Sorbonne, Centre Malher, 9 rue Malher, 2e étage, salle Person.

Contacts : Guillaume Blanc, guillaume_blanc [at] hotmail.fr, Amélie Chekroun, ameliechekroun [at] gmail.com, Pierre Guidi, p_guidi [at] yahoo.fr, Thomas Guindeuil, tomaso.gu [at] gmail.com

L’objectif de ce séminaire mensuel, proposé par les doctorants en histoire du CEMAf, est de réévaluer la place et le rôle des sociétés africaines dans l’histoire de la mondialisation, et de remettre en question la tendance de l’histoire globale à concevoir les sociétés africaines comme de simples réceptacles de ce processus. Il s’appuie sur la diversité géographique, chronologique et thématique des doctorants. Chaque séance, construite autour d’interventions de jeunes chercheurs et de chercheurs confirmés, privilégiera l’analyse des modes d’interaction entre le local, le régional et le global, et permettra d’interroger les modalités d’action des sociétés africaines dans le processus de mondialisation.

• lundi 18 avril 2011 de 17 h 30 à 20 h : « Histoire sociale des rencontres culinaires, en Afrique et au-delà (15e-20e siècle) », séance coordonnée par Thomas Guindeuil (Paris-1/CEMAf). Intervenants : Monique Chastanet (CNRS/CEMAf) et Dora de Lima (CRHM/Paris 1).

• lundi 16 mai 2011 de 17 h 30 à 20 h : « Voyages d’hommes, voyages de biens : une analyse de l’essor des échanges au 19e siècle en Afrique de l’Est », séance coordonnée par Clélia Coret (Paris-1/CEMAf). Intervenant : Thomas Vernet (Paris-1/CEMAf – à confirmer).

• lundi 20 juin 2011 de 17 h 30 à 20 h : « Les textes saints, média du pouvoir royal : Éthiopie, France, Byzance, fin du 14e siècle – milieu du 16e siècle », séance coordonnée par Ayda Bouanga (Paris-1/Cemaf). Intervenants : Olivier Husmer (doctorant Paris-1) et 1 invité(e) à préciser.

Séminaire « Théories des relations internationales »

Paris, 75006, Ceri, Sciences Po, 56 rue Jacob.

Contact : Ariel Colonomos, colonomos [at] ceri-sciences-po.org

• mardi 19 avril de 17 h à 19 h : Intervention de Nicolas Guilhot (CNRS) intitulée « La théorie des relations internationales entre décisionnisme et choix rationnel ». Discutant : Bastien Irondelle. Lieu : Ceri, salle de conférence.

• mardi 5 avril de 17 h à 19 : Intervention de Dario Battistella (Sciences Po Bordeaux – EHESS) intitulée « Un monde unidimensionnel ». Discutant : Bertrand Badie (Sciences Po). Ceri, salle Jean-Monnet.

 

Séminaire « Les sciences sociales face au global »

Nanterre, 92000, université Paris-Ouest-Nanterre, salle T237.

Séminaire pluridisciplinaire dirigé par Axel Barenboim, Stéphane Dufoix et Adèle Momméja.

Contacts : Axel Barenboim, axbaren [at] hotmail.com, stephane.dufoix [at] wanadoo.fr, adele.mommeja [at] gmail.com

Les concepts « global » et « globalisation » sont de plus en plus utilisés en sciences sociales sans que les chercheurs s’accordent sur une définition précise. La globalisation est-elle simplement une « compression de l’espace-temps » ? Désigne-t-elle des formes concrètes de croisements, de connexions, de transferts entre différentes parties du monde ou l’espace spécifique dans lequel s’articuleraient ces échanges ? Le phénomène global est-il d’abord une réalité économique, politique ou culturelle ? S’il est admis que la globalisation est un processus ancien, les désaccords persistent sur le moment de son émergence. Il est également difficile de déterminer si les vingt dernières années marquent une intensification du phénomène ou un simple accroissement de sa perception. Ce séminaire pluridisciplinaire aborde les débats sur la globalisation en recevant des chercheurs dont les travaux permettent d’interroger l’historicité longue du global.

• mardi 26 avril 2011 de 17 h à 19 h : Intervenant : Patrick Weil, directeur de recherches (CNRS, Centre d’histoire sociale du 20e siècle, Paris-1), « Une citoyenneté sécurisée : un nouveau lien stratégique entre l’État-nation et l’indidivu dans un monde globalisé ».

• mardi 17 mai 2011 de 17 h à 19 h : Intervenant : Amzat Boukari-Yabara, doctorant en histoire (EHESS), « 1787-1900 : vers la première Conférence panafricaine de Londres ».

 

 

Séminaire « Figures contemporaines de l’épistémologie de l’histoire – La philosophie : une ressource pour faire de l’histoire ? »

Organisé par le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC).

Paris, 75017, IHTP, 59-61, rue Pouchet.

Contact : histoire.culturelle [at] chcsc.uvsq.fr

• vendredi 6 mai 2011 à partir de 14 h : Conférence-débat de Peter Schöttler (CNRS) intitulée « Les philosophies positivistes et la science de l’histoire ».

Afrique : un continent au centre de l’histoire mondiale

« Vous étudiez l’histoire africaine ? Mais qu’en sait-on avant l’arrivée des Européens ? Il y a donc des sources ? » Ces questions, combien de fois Catherine Coquery-Vidrovitch les a-t-elle entendues ? Sans compter les innombrables clichés, assenés par ceux qui vont admettre que si les Africains ont une histoire, elle serait « marginale » voire « cyclique » – opposée ainsi à une « vraie » histoire, sous-entendue « centrale » et « linéaire », bref occidentale.

L’auteure est catégorique : l’Afrique est une « extraordinaire terre de synthèse, pétrie d’histoire ». Mieux même, cette histoire, « la plus longue de toutes » puisque l’Afrique est le berceau de l’humanité, a été, demeure et restera au cœur du récit mondial. La démonstration, qui entend résumer un demi-siècle de travaux fondamentaux sur la question, occupe un peu plus de 200 pages aussi concises que stimulantes.

En ce qui concerne les sources, Coquery-Vidrovitch souligne que les Égyptiens, les Grecs, les Romains et les Arabes ont laissé une multitude de témoignages. Elle s’insurge surtout contre le lieu commun qui ferait rimer histoire et écriture alors que les travaux des chercheurs africains, devenus majoritaires sur ce sujet, dégagent une vision plus globale de l’histoire, enrichie des apports de l’anthropologie, de l’archéologie, de la paléobotanique, de la linguistique ou de la génétique des populations.

Quatre phases, beaucoup de questions…

L’histoire de l’Afrique peut schématiquement s’appréhender en quatre phases : la période antérieure aux traites négrières ; celle des traites ; la période coloniale (une parenthèse dans le temps long, nombre d’Africains l’ayant traversée de son début à sa fin) ; et celle des indépendances. Les deux phases intermédiaires, traites et colonies, dramatiques, ont conféré à ce continent une relative unité, même si les types très divers de sociétés et d’environnements ont abouti à des trajectoires distinctes. Cette histoire est traversée de pourquoi : « Pourquoi les Africains furent-ils les derniers à connaître une économie d’investissement et de production ? Pourquoi tant de commerces transcontinentaux (sel, or, fer, ivoire, etc.) se sont-ils effondrés au lieu de générer des activités productrices ? Pourquoi de belles civilisations anciennes (Nok, Ifé, Zimbabwe…) ont-elles disparu en laissant si peu de traces ? Pourquoi la situation actuelle est-elle aussi tragique, et pourquoi l’avenir demeure-t-il si inquiétant ? »

Les réponses qu’apporte Coquery-Vidrovitch mobilisent plusieurs approches. Elle souligne ainsi que les données environnementales sont peu favorables : les terres sont en général pauvres, les sécheresses persistances, et les maladies semblent avoir joué un rôle crucial dans l’évolution des sociétés. Outre le paludisme, on peut citer l’onchocercose, maladie transmise par un moustique et entraînant la cécité, qui explique peut-être la réticence ancienne des populations à installer leurs villages à proximité des rivières, justifiant ainsi l’absence surprenante de l’usage de techniques d’irrigation à grande échelle.

La préhistoire de l’homme, faut-il le rappeler ?, commence en Afrique. La fin de l’apartheid sud-africain, régime politique « soucieux de cacher tout ce qui pouvait mettre en doute l’“antériorité” supposée des Blancs dans le pays », a permis ainsi de redonner son importance au site de Blombos. Y sont attestées ce qui pourraient être les premières manifestations artistiques de l’humanité – on y a découvert des parures de coquillages remontant à plus de 70 000 ans, soit 40 000 ans avant que soient peintes les parois de la grotte Chauvet – ; et aussi les premières traces, à la même époque, d’une innovation technique majeure de l’industrie lithique, la retouche par pression, dont on faisait remonter l’invention à la préhistoire européenne d’il y a 20 000 ans.

L’Afrique, trésorière de l’Eurasie

Il n’est pas évident que plus tard, l’industrie du fer ait été en retard par rapport au reste du monde : ce métal était exploité dès le 7e siècle avant l’ère commune sur les rives du Niger comme autour des Grands Lacs. Et son commerce généra, avec celui du sel, des circuits commerciaux transcontinentaux d’ampleur. Le commerce le plus important fut celui de l’or. Jusqu’à la conquête espagnole de l’Amérique latine, l’Afrique en fut de très loin le plus gros exportateur mondial. Les royaumes du Mali, du Ghana, du Songhaï nourrirent via le Sahara l’essor monétaire des Empires musulmans et byzantin. Quant à la cité-État de Zimbabwe, entre les 11e et 15e siècles, son or circulait dans toute l’Asie ; des porcelaines chinoises ont été exhumées des ruines de la ville. Et ce fut autant pour les épices que pour le précieux métal, qui finança les expéditions vers le Brésil, que les Portugais cabotèrent le long des côtes africaines aux 15e et 16e siècles.

À ce moment-là, la population africaine comptait pour 20 % environ de la population mondiale. Si peu d’Africains eurent l’occasion de voir des Blancs (ceux-ci se cantonnant à des contacts côtiers), ils s’enrichirent pourtant des apports de la première mondialisation : maïs, manioc et haricots, venus du Nouveau Monde, se propagèrent progressivement, autorisant de meilleurs rendements agricoles.

Mais l’essor démographique qui aurait pu en résulter se retrouva brisé net par la montée en puissance du commerce esclavagiste. D’abord interne aux sociétés d’Afrique, caractérisées en plusieurs régions par un niveau très élevé d’inégalité sociale, la traite est attestée depuis le 7e siècle vers le monde musulman. Au début des Temps modernes, l’Europe vient se greffer sur ces circuits, et sa demande favorise l’émergence en Afrique d’États puissants – dont l’urbanisme provoque l’admiration des voyageurs portugais –, capables de razzier leurs voisins, de capturer des populations en masse et de les vendre. Le processus est corrélé à une stagnation démographique. Quelque 11 millions d’esclaves partent vers les Amériques, mais aussi les îles européanisées de l’Atlantique ou de l’Océan Indien. S’y ajoutent, sur une période plus longue, 5 à 10 millions de déportés à travers le Sahara, et 5 à 6 millions vers le Moyen-Orient. Si on admet qu’un esclave sur deux était vendu à bon port (l’autre mourant en route), le déficit démographique direct total est au minimum de 50 millions en l’espace de dix siècles, avec un sommet atteint aux 18e et 19e siècles.

L’acteur majeur de la naissance du capitalisme ?

Une précieuse carte, p. 116, montre les traites négrières aux 18e siècle. Elles sont internes au continent – les royaumes négriers consomment aussi bien qu’ils exportent –, et externes, vers les Amériques, l’Asie et le Moyen-Orient. Nous sommes là loin d’un commerce limité à une aventure triangulaire, qui verrait les bateaux partir d’Europe chargés de verroterie et de fusils, troquer leur cargaison contre le bois d’ébène avant d’aller vendre les esclaves au Nouveau Monde et de revenir à leurs ports d’attache chargés de la précieuse mélasse sucrée. Ce circuit exista, mais en volume, il était inférieur au commerce en droiture connectant directement le consommateur (les grandes plantations brésiliennes) au fournisseur africain. La carte montre d’abord des circuits mondialement intégrés : les Portugais commenceront par importer des esclaves d’Asie au moment de fonder leurs chapelet de forts côtiers, et des gens seront capturés alternativement, entre deux évasions, pour être déportés soit vers l’Atlantique, soit vers l’océan Indien, en fonction des besoins commerciaux des royaumes négriers.

Et Coquery-Vidrovitch de se référer malicieusement à Marx : si on admet que le capitalisme, c’est la force de travail, alors l’Afrique, qui exporta sa force de travail dans le monde entier, fut l’acteur majeur de la naissance du capitalisme. Le continent paya le prix du sang : les traites négrières brisèrent le lent processus d’augmentation démographique jusque-là commun à l’humanité entière, qui se prolongea dans le reste du monde (exception dûment faite des populations indigènes d’Australie et des Amériques, balayées par le typhon épidémiologique consécutif à l’arrivée européenne).

Le désastre colonial

Envisagée depuis l’Afrique, la colonisation par les puissances européennes fut un désastre absolu. Initiée timidement dès le 15e siècle avec l’installation de forts côtiers servant d’escales sur la route des Indes, elle prend un premier élan avec la conquête de l’Afrique du Sud par les Hollandais, et atteint son apogée avec la course à la conquête à laquelle se livre toute l’Europe au 19e siècle. La colonisation entraîne un effondrement démographique, dans le prolongement de la stagnation initiée par les traites négrières : au milieu du 20e siècle, la population africaine ne compte plus que pour 9 % de la population mondiale. L’explosion démographique d’aujourd’hui, qui devrait faire dans les prochaines décennies de l’Afrique le continent le plus peuplé du monde, est la conséquence de cette histoire.

Jusqu’à l’irruption des conquérants européens, les foyers de grandes endémies étaient relativement localisés. L’essor des déplacements de population, justifiés à la fin du 19e siècle par l’accaparement des meilleures terres par les Blancs afin de produire des monocultures d’exportation, et au début du 20e par le recours au travail forcé pour mettre en œuvre ces monocultures, fait le bonheur de la mouche tsé-tsé ou de la fièvre jaune, rejointes par les maladies d’importation : rougeole, variole, poliomyélite et maladies vénériennes. Ces dernières prospèrent suite à la présence, variable selon les régions, de règles matrimoniales favorisant le partage et la transmission des femmes.

Le cas le plus édifiant reste celui de la peste bovine. Venue des steppes russes via l’Égypte, l’épizootie décime le cheptel d’Afrique orientale, affame les populations et affecte probablement leur capacité de résistance aux conquêtes coloniales de la seconde moitié du 19e siècle. Le bouleversement des techniques agricoles rompt également le fragile équilibre écologique établi de longue date par les communautés rurales, sur la base du semi-nomadisme et de la jachère, et stérilise de nombreux sols.

La pénétration européenne ne fut pas, comme on le croit trop souvent, une promenade de santé. Des empires éphémères et parfaitement modernes, s’appuyant parfois sur de grandes idéologies religieuses, s’opposèrent aux conquérants avec des succès transitoires. Des identités se forgèrent, aujourd’hui posées comme allant de soi : Hutus et Tutsis au Rwanda, Peuls en Afrique occidentale… Ces cultures perçues comme multiséculaires furent des produits de la rencontre entre Europe et Afrique, chaque partie surinterprétant les renseignements fournis par l’autre afin de forger des histoires nationales et ethniques. Les catégorisations issues de ces dernières rythment l’histoire immédiate du continent.

Au terme du parcours, force est de constater que la démonstration a fait mouche. Par l’or ou les esclaves, les cartes du commerce mondial sur la longue durée montrent bien une Afrique au cœur. Nombre de processus sont disséqués au passage, qu’ils soient sociaux, religieux, économiques, géographiques, politiques, identitaires, agricoles, épidémiologiques… L’essai, mené à petite échelle, n’est pas sans évoquer Le Carrefour javanais [LOMBARD, 1999]. Convaincant, il devrait dissuader à l’avenir de parler d’un continent sans histoire.

La conclusion, que Coquery-Vidrovitch laisse à Achille Mbembe, peut se lire comme mêlant optimisme et pessimisme : « Le temps de l’Afrique viendra. Il est peut-être proche. Mais, pour en précipiter l’avènement, on ne pourra guère faire l’économie de nouvelles formes de luttes. »

COQUERY-VIDROVITCH Catherine [2011], Petite histoire de l’Afrique. L’Afrique au sud du Sahara de la préhistoire à nos jours, La Découverte.

LOMBARD Denys [1995, rééd. 2004], Le Carrefour javanais. Essai d’histoire globale, 3 tomes, Éditions de l’EHESS.

L’environnement, pierre d’achoppement de l’histoire ?

Le changement environnemental est le fait majeur de l’histoire mondiale de ce dernier siècle, affirme l’historien états-unien John R. McNeill dans un livre récemment traduit en français [McNEILL, 2010]. Car l’espèce humaine a affecté son biotope à l’échelle planétaire, et ce changement est, sur certains points, irréversible. Si Albert Einstein professait que « Dieu ne joue pas aux dés », l’auteur défend pour sa part que « l’humanité a commencé à jouer aux dés avec la planète sans connaître toutes les règles du jeu ».

La thèse semble aujourd’hui classique. Elle est pourtant très récente, et c’est un des intérêts de cet ouvrage que de le démontrer. Revenons sur le contexte. Dans les années 1990, McNeill Jr (ainsi qualifié parce qu’il est le fils de William H. McNeill, considéré comme un des fondateurs de la world history avec son livre The Rise of the West: A history of the human community [University of Chicago Press, 1963]) caresse le projet d’écrire une histoire de l’environnement au 20e siècle. Il pense alors que le fait majeur de cette histoire est l’accroissement démographique de l’espèce humaine. Sa minutieuse compilation de données va le faire changer d’avis, et déboucher sur le présent titre : Du nouveau sous le Soleil…

Ce livre a connu, il est intéressant de le noter, un destin éditorial identique à celui d’un autre best-seller, Une Grande Divergence de Kenneth Pomeranz. Publiés tous deux en 2000, ils reçoivent conjointement l’année suivante le prestigieux prix de la World History Association… Et ils attendront tous deux une décennie entière avant d’être traduits en français.

La présente traduction bénéficie d’une introduction de l’auteur, qui revient sur son analyse et sur un autre événement majeur qui, lui, a marqué l’histoire de la décennie 2000-2010 : l’ascension économique de la Chine, qui s’est accompagnée d’un impact environnemental sans précédent : « L’énorme accroissement de l’utilisation du charbon par la Chine sera sûrement considéré comme essentiel pour les futurs historiens, comme ça l’est déjà pour les millions d’habitants qui respirent l’air pollué des cités chinoises et les centaines de milliers qui meurent chaque année pour cette raison. » Et d’ajouter en note que « la pollution atmosphérique émanant de Chine tue aussi environ 11 000 personnes chaque année au Japon et en Corée ».

Ayant pris le parti de considérer dans leur globalité les liens entre « l’histoire moderne de l’écologie de la planète et l’histoire socioéconomique de l’humanité », il récapitule dans un préambule les données de base : le climat était resté à peu près stable depuis la fin de la dernière glaciation, voici 10 000 ans, alors qu’il évolue très rapidement depuis quelques décennies. Parmi les changements affectant l’humanité, il souligne que « l’accroissement rapide de la population remonte au milieu du 18e siècle et la forte croissance économique aux environs de 1870 ». Enfin, au cours du 20e siècle s’est imposé, aux communautés comme aux individus, un modèle socioéconomique basé sur la compétition et l’acquisition de richesses, synonymes d’un plus grand bien-être. Or le développement de ce modèle repose sur la consommation à grande échelle de carburants fossiles. Au final, nous nous retrouvons devant l’amorce d’un « processus de perturbations écologiques perpétuelles (…), résultat accidentel des ambitions et des efforts de milliards d’individus, d’une évolution sociale inconsciente ».

McNeill souligne que les systèmes naturels, tout comme les sociétés humaines, sont affectés par des « seuils ». S’il leur est possible de gérer sans mal le changement, une accumulation trop forte brise à un moment donné leur équilibre et ouvre la porte aux « changements non linéaires ». Quand Hitler envahit la Pologne, il ne fait qu’ajouter une exaction de plus à son palmarès, mais celle-là précipite la Seconde Guerre mondiale. Quand l’eau d’un océan tropical se réchauffe, rien n’est perceptible avant qu’il passe la barrière des 26° Celsius, température fatidique préalable à l’engendrement des cyclones. Le propre d’un seuil est d’être bien dissimulé sous la surface des choses, ressemblant ainsi à ce que devaient être certains récifs du temps de la marine à voile. On se rend compte qu’on l’a atteint au moment où on ne peut plus faire marche arrière.

Le livre foisonne d’exemples. Navigant de l’échelle biographique – le passage consacré à Thomas Midgley, chimiste qui imagina à la fois l’usage du fréon (qui ronge aujourd’hui la couche d’ozone) et de l’essence plombée (cause majeure de pollution), est particulièrement éclairant – à la dimension globale – par la description méthodique des multiples façons dont l’humanité a affecté les différentes couches du biotope terrestre, de la lithosphère à la haute atmosphère, ou par un survol de l’histoire de la lutte contre les épidémies –, ces exemples donnent aussi lieu à des analyses politiques. Celles-ci illustrent à point nommé les processus qui ont permis à certains pans de l’humanité de faire marche arrière face à des atteintes environnementales d’ampleur.

Exceptionnel par la diversité des exemples abordés et l’ampleur de son analyse, l’ouvrage est emblématique des questions que se pose ce que l’on pourrait appeler l’histoire environnementale, un courant historique en émergence visant à mieux appréhender ce qui est peut-être le changement global le plus important que l’humanité ait connu. Que cette traduction de McNeill soit un des premiers titres publiés dans une nouvelle collection, intitulée « L’environnement a une histoire », et qu’une multitude de livres (voir par exemple BARD, 2006 ; GRAS, 2007 ; CHAKRABARTY, 2010], au-delà des travaux précurseurs d’Emmanuel Le Roy Ladurie, abordent le sujet des relations homme-environnement sur la longue durée, tout cela témoigne de l’intérêt suscité par ce champ.

L’angle reste anthropocentrique, comme le rappelle McNeill, soulignant qu’il serait aussi envisageable, à l’instar de l’historien britannique Arnold Toynbee publiant « Une histoire de la révolution romaine vue sous l’angle de la flore », de donner un jour la parole au reste du vivant. Mais acte en est pris : nous sommes bien entrés dans une nouvelle ère, celle de l’anthropocène [DAGORN, 2010]. L’humanité a accédé à un nouveau rang, celui d’agent géologique, ce que démontre à l’envi l’ouvrage de McNeill. Pour être en mesure d’appréhender le réchauffement de l’atmosphère, l’extinction de nombreuses espèces vivantes, la raréfaction de ressources vitales et la possible multiplication d’accidents tectoniques ou épidémiques, qui semblent désormais des options sérieuses de notre futur proche, nombre de défis sont inscrits à l’agenda des experts. Pour les historiens, constituer un corpus d’histoire anthropique est désormais une de ces urgences.

McNEILL John R. [2010], Du nouveau sous le Soleil. Une histoire de l’environnement mondial au 20e siècle, Champ Vallon, collection « L’environnement a une histoire », traduction en français de Philippe Beaugrand, Something New under the Sun: An Environmental History of the Twentieth-Century World, W.W. Norton & Co, 2000.

BARD Édouard (dir.) [2006], L’Homme face au climat, Collège de France/Odile Jacob.

GRAS Alain [2007], Le Choix du feu. Aux origines de la crise climatique, Fayard.

CHAKRABARTY Dipesh [2010, janvier-février], « Le climat de l’histoire : quatre thèses », RiLi (Revue internationale des livres et des idées), n° 15.

Notons en sus que la Revue d’histoire moderne et contemporaine a récemment consacré deux dossiers à une histoire de l’environnement : n° 56-4, octobre-décembre 2009, « Histoire environnementale » ; n° 57-3, juillet-septembre 2010, « Climat et histoire, 16e-19e siècle ».

DAGORN René-Éric [2010, août-sept.], « L’anthropocène, nouvelle ère planétaire », Sciences Humaines, n° 218.

L’agenda de l’histoire globale – 1er trim. 2011

Nous publierons désormais, chaque début de trimestre, un agenda visant à faire connaître toute manifestation liée à l’histoire globale (colloque, journée d’étude, séminaire…) dans le monde francophone.

Si vous organisez ou avez connaissance d’un colloque susceptible d’être relayé par ce blog, envoyez un courriel à sh.testot [at] wanadoo.fr en mettant en sujet : Agenda histoire globale.

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L’histoire globale en revues

Le blog histoire globale s’apprête à souffler sa première bougie. Eh oui, cet espace, ouvert à tous ceux qui pensent qu’il est possible de concevoir une world/global history en français dans le texte, a déjà produit 51 articles hebdomadaires.

C’est à un rapide survol des gondoles des kiosques à journaux métropolitains que nous allons vous convier cette semaine pour ce dernier billet de 2010. À une exploration, sans prétention à l’exhaustivité, de titres de presse qui ont cette année consacré des dossiers à des thèmes proches de ceux qui nourrissent nos chroniques hebdomadaires.

« L’atlas des mondialisations », Le Monde/La Vie, N° 4, fin 2010, 186 p., 12 euros.

« 5 000 ans d’histoire, 200 cartes », proclame la couverture. Tournons la page… L’édito nous annonce que l’on va ici évoquer les « Mondialisations au pluriel ». Nous serions persuadés de vivre un phénomène totalement inédit, quand Mc Donald écoule ses produits à deux pas de la Cité interdite de Pékin ? Parler de « la » mondialisation, celle que nous vivons aujourd’hui, ce serait faire abstraction d’un phénomène permanent dans l’histoire.

À l’appui de cette profession de foi programmatique, nous retrouverons dans les pages qui suivent des figures connues de notre blog, la sociologue américaine Saskia Sassen, les historiens Philippe Beaujard et Patrick Boucheron, le géohistorien Christian Grataloup… Et beaucoup d’autres, comme l’anthropologue Pascal Picq – pour lequel la mondialisation a commencé avec l’expansion planétaire d’Homo sapiens – ou le géostratège Gérard Chaliand – qui la voit inaugurée, pour sa part, avec les conquêtes musulmanes… Au-delà de ces détails, ce numéro nous offre à la fois un beau résumé des thèmes de l’histoire mondiale vue de France et une mine de réflexions.

Rassurons enfin ceux qui craindraient de voir se dissoudre l’usage du terme mondialisation dans un pluriel de mauvais aloi : la moitié de ce hors-série est très classiquement consacrée à la mondialisation contemporaine, analysée sous des angles pluridisciplinaires.

« Un monde au pluriel », Esprit, N° 368, octobre 2010, dossier de 75 p., numéro de 206 p., 24 euros.

2010 a été le théâtre d’un changement majeur : la Chine est officiellement devenue la deuxième économie mondiale. Cette année a vu aussi les suites de la crise, que l’on dit en Occident des subprimes – en Asie, nous apprend Esprit, on préfère parler de la « crise atlantique », histoire de prendre une revanche sémantique sur la décennie passée à écluser les effets de la précédente crise, dite « asiatique ».

D’une crise à l’autre, donc, le monde a commencé à basculer – ou plutôt à « se rééquilibrer ». La recherche aussi, avec la montée en puissance des universités indiennes et chinoises dans la production académique. En témoigne un énergique article de Kishore Mahbubani, politologue à l’université de Singapour, qui analyse les « Regards asiatiques sur la gouvernance globale ». Ce texte s’ouvre sur la phrase suivante : « Nous entrons dans une nouvelle ère de l’histoire mondiale, marquée par deux caractéristiques majeures. La première est que nous allons voir la fin de la domination occidentale sur l’histoire mondiale (…). La seconde est que nous allons assister au retour de l’Asie. » Car « Les économies asiatiques croissent à une vitesse incroyable ». Et de se gausser de ces économistes occidentaux qui estiment que l’Asie connaît aujourd’hui un équivalent à retardement de la révolution industrielle : « À l’époque, ces populations [occidentales] ne connurent qu’une augmentation [de leurs acquis économiques] de 50 % à l’échelle d’une vie humaine. Aujourd’hui, sur une échelle équivalente, les populations asiatiques connaissent une augmentation de 10 000 %. »

D’autres articles suivent, dont un du sémiologue Jean Molino. Critiquant sévèrement l’ouvrage de Daniel Cohen La Prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie (Albin Michel, 2009) pour sa prétention à rédiger une histoire économique mondiale paradoxalement consacrée à l’hégémonie de la seule Europe, il plaide pour que l’histoire ose enfin « Sortir du regard européen ».

« La grande histoire du capitalisme », Sciences Humaines, Hors-série spécial, n° 11, mai-juin 2010, 86 p., 8,50 euros.

Coordonné par Xavier de la Vega, cet hors-série revisite l’histoire du capitalisme à la lumière des travaux récents. De multiples contributions dévident, par touches successives, la construction chronologique du capitalisme. L’élaboration simultanée de ses cadres initiaux en Europe et en Asie, son essor planétaire à la faveur de l’hégémonie européenne, sa redéfinition dans l’après-Seconde Guerre mondiale et les incertitudes soulevées aujourd’hui par la finance globalisée sont passés en revue. Les contributions de chercheurs d’horizons variés, tels les Japonais Shigeru Akita et Kaoru Sugihara, donnent à ce numéro une ampleur de vue mondiale, à l’échelle de son sujet.

« Migrations et transformations des paysages religieux », Autrepart. Revue de sciences sociales au Sud, N° 56, fin 2010, Presses de Sciences Po/IRD, 272 p., 25 euros.

Quelle jolie illustration de couverture : debout sur son crocodile, la déesse hindoue Ganga (incarnation du fleuve sacré) surplombe une étendue lacustre dont on devine qu’elle est indienne… Perdu, la photo a été prise à l’île Maurice. À la faveur de l’essor des migrations, les religions s’expatrient aujourd’hui partout sur la planète. Le phénomène n’est pas nouveau, mais la mondialisation actuelle l’a accéléré dans des proportions jamais vues, dont témoignent les articles constituant ce numéro. Cette belle ethnographie des imaginaires transnationaux nous montre comment les migrants voyagent avec leur religion, l’ancrent dans un territoire d’accueil, au besoin la recomposent pour mieux s’inventer une tradition et légitimer leur nouvelle identité, hybride – ancienne religion / nouvelle appartenance nationale.

« Les âges d’or oubliés », Enjeux/Les Échos, Dossier spécial histoire, juillet-août 2010, 38 p., supplément au quotidien des 2 et 3 juillet 2010.

« D’autres civilisations que la nôtre ont connu des périodes de modernisation, d’innovations et de prospérité. Bien avant nous. » Cette phrase, en sous-titre de la couverture, est inspirée d’un entretien avec Philippe Norel (initiateur de ce blog), entretien qui ouvre ce dossier et dans lequel l’intéressé donne sa définition de la – et des – mondialisation(s). Suit une série de brefs articles faisant un tour du monde de l’apogée de certaines civilisations.

L’Histoire

« Méditerranée. Guerre et paix depuis 5000 ans », Les Collections, n° 47, avril 2010, 98 p., 6,80 euros.

« Comment meurent les empires. D’Alexandre aux Habsbourgs », Les Collections, n° 48, juillet 2010, 98 p., 6,80 euros.

« La fin des empires coloniaux. De Jefferson à Mandela », Les Collections, n° 49, octobre 2010, 98 p., 6,80 euros.

Trois excellents numéros thématiques, sollicitant des chercheurs reconnus.

Les Cahiers de Science & Vie

« Rome. Comment tout a commencé », N° 115, février-mars 2010, 114 p., 5,95 euros.

« Mésopotamie. De Sumer à Babylone, le berceau de notre civilisation », N° 116, avril-mai 2010, 114 p., 5,95 euros.

« Les origines des langues. Comment elles naissent, comment elles meurent », N° 118, août-septembre 2010, 114 p., 5,95 euros.

« Versailles. Le pouvoir et la science », N° 119, octobre-novembre 2010, 114 p., 5,95 euros.

« La ville au Moyen Âge. Le grand réveil du monde urbain », N° 120, décembre 2010-janvier 2011, 114 p., 5,95 euros.

Un magazine d’excellente facture, qui aborde en profondeur nombre de thèmes de l’histoire mondiale.

« Histoire de l’Afrique ancienne. 8e-16e siècle », Documentation photographique, N° 8075, mai-juin 2010, 64 p., 11 euros.

Cette excellente revue a pour objectif de fournir des supports de cours aux enseignants du secondaire. On ne peut que se féliciter du présent choix éditorial, et souligner la nécessité de ce numéro dirigé par Pierre Boilley et Jean-Pierre Chrétien : oui, l’Afrique a, bien évidemment, une histoire, quoi qu’en disent certains.

« Histoire critique du 20e siècle », Monde diplomatique, Hors-série Atlas Histoire, n° 4, 2010, 98 p., 8,50 euros.

L’histoire est écrite par les vainqueurs. En septembre 1944, rapporte Serge Halimi, un sondage réalisé auprès de Parisiens demandait quel pays avait le plus contribué à la victoire sur les nazis. Verdict, l’Union soviétique, 61 % ; les États-Unis, 29 %. Soixante ans plus tard, même lieu, même question : Les États-Unis, 58 % ; L’Union soviétique, 20 %. Hollywood était passé par là, grignotant la cote de l’armée rouge, et l’effondrement du bloc soviétique avait fait le reste.

C’est apparemment avec l’ambition d’écrire une histoire expurgée de faux souvenirs qu’a été conçu ce numéro. Il est plutôt réussi dans l’ensemble, si l’on retient que l’ouvrage se présente davantage comme une initiation à l’histoire que comme une recherche académique. Les spécialistes, pour leur part, renâcleront devant certaines affirmations par trop catégoriques.

« Chiisme. Spécificités, revendications, réformes », Moyen-Orient, N° 6, juin-juillet 2010, dossier de 40 p., numéro de 98 p., 10,95 euros.

Cette revue consacre un éclairant et pédagogique dossier à l’islam chi’ite réformateur, phénomène transfrontalier mal connu en Occident. L’étiquette regroupe un ensemble de penseurs et de militants chi’ites luttant pour l’établissement d’un État démocratique dans une société musulmane. On imagine volontiers que les convulsions politiques (démocrates contre théocrates) qui agitent aujourd’hui l’Iran restent confinées au monde perse. Rien de plus faux, car le chi’isme est une religion de réseaux, elle repose sur des allégeances ignorant les frontières. En matière religieuse, un fidèle résidant en Arabie Saoudite suit généralement les directives d’un maître (marja) qu’il s’est choisi en Iran. Suivant également cette logique réticulaire, la pensée réformatrice chi’ite est née au 19e siècle dans la ville sainte de Nadjaf (Irak) avant d’être relayée par des philosophes iraniens (Abdolkarim Soroush, Mohsen Kadivar et Hasan Yousefi Eshkevari)… Aujourd’hui, l’enjeu politique que constitue ce mouvement est un des facteurs-clés du règlement des conflits et du partage du pouvoir politique, que ce soit dans des pays où les chi’ites sont majoritaires (Irak, et dans une moindre mesure Liban) ou minoritaires (comme en Arabie Saoudite).