Vermeer, peintre connecté

À propos de :

Le Chapeau de Vermeer. Le 17e siècle à l’aube de la mondialisation

Timothy Brook, 2008, trad. fr. Odile Demange, Payot, 2010, rééd. 2012.

Delft ? « Une ville des plus douces, avec des ponts et un cours d’eau dans toutes les rues », rapporta le chroniqueur londonien Samuel Pepys quand il la visita en 1660. Quatre siècles plus tard, un jeune étudiant canadien du nom de Timothy Brook, en voyage à travers l’Europe, y tomba de vélo… La ville n’avait guère changé depuis le 17e siècle, quand l’artiste Johannes Vermeer (1632-1675) y jouait du pinceau, et Brook céda au charme. L’eau a depuis coulé sous les ponts qui autrefois abritaient les nuits du jeune routard, et l’étudiant bohème est devenu un éminent historien de la Chine impériale. Dans cet ouvrage, il entreprend un pèlerinage dans la mondialisation balbutiante des années 1650, traquant dans les tableaux de Vermeer les indices des échanges qui se tissaient alors sur la planète, de la Hollande à la Chine.

En artiste du trompe-l’œil, Vermeer navigue dans l’univers de la bourgeoisie néerlandaise – nul besoin d’en sortir, le monde s’y donne en représentation. Cinq de ses toiles, retenues par Brook avec un autre tableau de son contemporain Hendrik Van der Burch, originaire de Delft lui aussi, une peinture réalisée sur un plat en faïence de même origine, une statuette chinoise, fournissent la matière de l’ouvrage. Disséquant ces huit illustrations, l’auteur dresse un jeu de piste, exploitant leurs détails pour nous livrer une magnifique évocation des forces historiques à l’œuvre. Car Delft « n’était pas isolée. Elle existait à l’intérieur d’un monde qui se prolongeait vers l’extérieur et couvrait la planète entière. »

1. La Vue de Delft

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Mauritshuis, La Haye.

Toile inhabituelle dans l’œuvre de Vermeer, en ce qu’au lieu de représenter un intérieur, La Vue de Delft montre un panorama de bâtiments, les portes de la ville vues du sud, à proximité du port du Kolk. Vu l’état du clocher, nous sommes probablement dans les mois qui précèdent mai 1660. Sur la droite du tableau, « deux navires à large fond amarrés l’un à l’autre. […] Ce sont des haranguiers, des navires à trois mâts construits pour la pêche au hareng en mer du Nord. » La présence de ces deux bateaux est un indice du Petit Âge glaciaire qui a saisi l’hémisphère Nord. Hiver plus longs et étés raccourcis ont modifié l’économie de l’Eurasie, comme son écologie – la peste est revenue, sans pour autant freiner l’expansion démographique. Les Pays-Bas subissent un blé plus cher, ont dû diversifier leurs approvisionnements alimentaires ; les harengs ont migré au sud de la mer du Nord, chassés par le froid, et une économie du poisson s’est instaurée, dominée par les Néerlandais.

Occupant la moitié gauche de la toile, le bâtiment de la VOC, Compagnie hollandaise des Indes orientales. Poumon de la ville et première grande société par actions du monde, créée en 1602 pour négocier avec l’Asie, son monogramme s’est imposé comme le « premier logo global ». Les revenus de la pêche au hareng ont pour partie financé l’expansion du commerce maritime, déportant un million de Néerlandais en Asie au cours du 17e siècle. Et comme l’exposait déjà Francis Bacon, compas magnétique, papier et poudre à canon – trois inventions chinoises reprises par l’Europe – fournissent la base technologique de cette expansion mondiale.

La démarche de Brook, partant de la description iconographique à l’exposé des liens que l’on peut y deviner, se résume, selon la métaphore de l’auteur, par le « filet d’Indra » – une image bouddhiste symbolisant l’interconnexion de toutes choses. « Quand Indra a créé le monde, il l’a fabriqué sous la forme d’une toile. Une perle a été fixée à chaque nœud de cette toile. Tout ce qui existe ou a existé, chaque idée que l’on peut concevoir, chaque donnée exacte […] sont autant de perles du filet d’Indra. […] Tout ce qui existe sur la toile d’Indra suggère tout ce qui existe d’autre. » Du nœud de Delft, le livre vagabonde ainsi jusqu’aux lacs d’Amérique du Nord, passant par la mine du Potosí (actuelle Bolivie) et les fabriques de porcelaine de Jingdezhen (Chine)… Tout objet – pipe, jatte, chapeau, pièce de monnaie… – fournit à l’auteur matière pour dérouler le fil du long voyage planétaire qui l’a amené en Hollande.

2. L’Officier et la Jeune Fille riant

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Frick Collection, New York.

Jamais les Néerlandais ne seraient sorti sans chapeau, et si leurs finances le leur permettaient, ils s’offraient un « castor ». Ainsi de ce galant militaire, en transaction matrimoniale avec la demoiselle. Les castors d’Europe occidentale et Scandinavie ont été décimés. L’approvisionnement sibérien est difficile. Ardemment désiré, un bon castor, le seul qui résiste à la pluie, vaut une fortune. Le chapeau de l’officier entraîne Brook dans l’exploration de l’Amérique des Grands Lacs à laquelle se livre le Français Samuel Champlain dans la première moitié du 17e siècle. Il y évoque les rôles de l’arquebuse, qui bouleverse les rapports de force entre tribus amérindiennes ; de la variole, qui détruit ces sociétés ; des peaux de castor, qui financent cet effort de conquête. Les Amérindiens, échangeant une dépouille contre vingt couteaux, raillent l’appétit insatiable des Blancs. Les Français, qui revendent la fourrure jusqu’à 200 fois son prix d’origine, y trouvent leur compte.

En toile de fond, la Chine, alpha et oméga du commerce mondial. Le pays est dit abriter, selon les mots d’un Espagnol des années 1590, « tout ce à quoi l’esprit humain peut aspirer ou imaginer en fait de richesses et de gloire éternelle ». Ajoutons que nous croisons plus loin dans ce livre d’autres Espagnols, qui ont l’idée singulière d’obliger les Chinois de Manille, convertis au christianisme, d’arborer ledit couvre-chef en castor.

Les Espagnols contrôlent la route maritime menant à la Chine en contournant l’Amérique du Sud, les Portugais celle qui passe au bas de l’Afrique, Français et Britanniques s’acharnent donc à traverser l’Amérique du Nord. Pour preuve de cette fascination, l’auteur évoque un émissaire de Champlain trimbalant un trésor hors de prix, probablement acquis à Paris, une robe chinoise de cérémonie, au milieu des Hurons – au cas où il puisse être reçu à la cour de l’empire du Milieu, il faudrait qu’il y fasse bonne figure !

3. La Liseuse à la fenêtre

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Gemäldegalerie, Dresde.

Du million de Néerlandais partis en Asie au 17e siècle, les deux tiers n’en revinrent jamais. Il est suggéré que la dame lit une lettre de l’absent, parvenue du bout du monde. En sus du tapis turc, la jatte de fruits est un indice de la présence du lointain. En porcelaine blanche, décor bleu, style chinois… Au cours du 17e siècle, Brook estime que 3 millions de pièces de porcelaine parvinrent en Hollande. Et nous voici partis sur les routes de la porcelaine et de ses contrefaçons. On y apprend entre autres que le Prophète ayant proscrit l’usage de la vaisselle d’or ou d’argent, l’élite musulmane plébiscitait depuis le 8e siècle ce matériau hors de prix et inconnu de Mahomet pour manifester ostensiblement sa richesse. Et qu’en retour, les artisans chinois, au 13e siècle, importaient du cobalt de Perse pour son bleu intense, avant de nourrir le marché mondial à partir du 16e, à l’arrivée portugaise sur leurs côtes.

Avant de discourir sur les différentes règles d’usage des luxueux objets de porcelaine en Chine et en Europe, influençant leur fabrication (Chinois et Néerlandais ne boivent pas la même soupe, ce qui implique de modifier certains articles), Brook narre des épisodes de la piraterie que les alliés britanniques et néerlandais exerçaient à l’encontre des caraques portugaises et espagnoles, chargées de céramiques, d’épices, de soie. Il y évoque Grotius, éminent juriste mandaté en 1608-1609 par la VOC pour donner à ces actes une base légale, arguant que les monopoles ibériques constituaient une entrave au droit dont dispose chaque nation à commercer librement, un des fondements du droit international contemporain.

4. Le Géographe

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Städelsches Kunstinstitut, Francfort-sur-le-Main.

Comprendre le monde pour mieux l’exploiter. On apercevait déjà une carte dans L’Officier et la Jeune Fille riant, on retrouve dans Le Géographe un tapis turc. Globe de Hendrik Hondius (1618) tourné de façon à exposer l’Orientalus Oceanus ou océan Indien, cartes, « les signes du monde extérieur sont omniprésents ». Brook saisit l’occasion pour exposer la nécessité du renseignement cartographique, dont les lacunes peuvent mener au naufrage. Puis de décrire le sort de naufragés cosmopolites (le vaisseau, portugais, transportait Européens, Indiens, Musulmans du Sud-Est asiatique, Japonais, esclaves africains… – les Européens étaient souvent en minorité numérique sur leurs navires en Asie) sur la côte chinoise, provoquant une rencontre riches de malentendus. Après une description des perceptions interculturelles d’un monde en interconnexion croissante, l’auteur conclut sur la perception de la carte, alors indispensable corpus de connaissances en Europe et curiosité en Chine.

5. Faïence de Delft

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Gemeentemusea, Delft.

La porcelaine resurgit ici, sous la forme d’une contrefaçon sortie des célèbres ateliers de Delft, les premières imitations passables de cette céramique chinoise réalisées en Europe. À l’époque de Vermeer, le quart de la population de la ville travaillait à fabriquer ou à commercer la porcelaine, vraie ou fausse. Le plat représente une scène « peuplée d’immortels, d’érudits, de domestiques et de créatures mythologiques ». Le matériau est loin d’avoir la qualité des articles de Jingdezhen, le style n’abuserait pas un connaisseur, les idéogrammes de la tablette tenue par le personnage central n’ont aucun sens. Mais l’objet montre ce que les Européens supposent être les occupations des Chinois, perçues par le biais des images qu’ils en reçoivent : « Flotter au milieu des nuages, traverser des ponts et capturer des grues ». L’un d’entre eux fume, une occupation qui n’apparaîtra dans l’iconographie chinoise qu’un siècle plus tard.

L’arrivée du tabac en Chine, au début du 17e siècle, offre pourtant à Brook une porte d’entrée pour évoquer le système des examens de lettrés, les signes avants-coureurs de l’invasion mandchoue qui mit fin à la dynastie Ming en 1644… La microhistoire d’un érudit chinois se brasse à l’histoire environnementale, et le filet d’Indra se tisse autour des échanges restitués par l’histoire culturelle de la propagation mondiale du tabac, depuis Christophe Colomb. Dès ses débuts, le produit, bien qu’on lui attribuât diverses vertus thérapeutique ou corporelles, fut aussi perçu comme dangereux, lié à la sorcellerie ou la dépravation. En 1643, le Vatican interdit aux prêtres de fumer dans les églises, les fidèles étant incommodés par l’odeur et les dépôts de cendres. L’errance se prolonge jusqu’aux plantations des Amériques, via les mines du Potosí : sucre et tabac fournissent le profit alimentant les traites négrières, l’argent sud-américain règle les marchandises acheminées depuis l’Asie. Dans la fumée du tabac – et aussi celle de l’opium, auquel il sera associé à la même époque – s’esquisse une mondialisation amorcée au profit de l’Europe.

6. La Femme à la balance

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National Gallery of Art, Washington D.C.

Pesée de l’argent, allégorie de jugement suggérée par l’image christique au mur… Brook rappelle que peser les pièces d’argent et d’or, faute de standard monétaire, était alors une nécessité mondiale. La femme, enceinte, nimbée de lumière, semble souligner que gagner de l’argent est une vertu. Le capitalisme du siècle de l’argent, extrait d’Amérique hispanique et du Japon, est désormais en marche. Retour au Potosí, longue escale aux Philippines (au cœur de l’interface), arrivée en Chine, qui siphonne le métal précieux. Après les routes du tabac, l’auteur arpente les voies de l’argent pour camper un panorama du commerce mondial.

7. Les Joueurs de cartes (Hendrik Van der Burch)

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Institut of Art, Detroit.

Maîtresse blanche et serviteur noir. Vermeer n’ayant pas laissé de toile portant ce motif, Brook se rabat sur un de ces collègues. Les Africains sont alors importés comme d’autres marchandises aux Pays-Bas – et exhibés avec fierté à l’instar des porcelaines chinoises –, employés comme marins, ouvriers, domestiques, « mais surtout comme esclaves ». Preuve d’aisance financière et de bon goût bourgeois, le garçon nous invite à explorer l’envers de ce monde de voyages, soit le monde de la servitude, où on déplace les gens tels des objets. En cinq itinéraires plus ou moins personnalisés mais axés, à l’exception d’un domestique chinois échoué au Mozambique, autour de marins européens naufragés sur les côtes d’Asie ou de Madagascar – les récits évidemment les mieux documentés –, Brook dépeint « ce mouvement qui dispersa des populations sur toute la surface du globe ». Il complète le tout par le métissage, une modalité parmi d’autres de l’interaction, mentionnant ainsi Champlain qui encourageait ses hommes à prendre femme amérindienne. Avant de s’attarder sur les allégoriques rois mages incarnés picturalement à partir du 15e siècle par un Oriental, un Européen, un Africain cheminant de concert vers l’espoir ténu d’un monde meilleur.

 

2012 : l’histoire globale en revues

Le blog Histoire globale fête cette semaine ses trois années d’existence. Voici, conformément à l’usage du Nouvel An, un passage « en revues » des publications journalistiques de l’année écoulée ayant trait à notre objet d’étude – toujours sans prétention à l’exhaustivité. En cette année 2012, il a été question de la naissance de Monde(s) – la première revue scientifique d’histoire globale française –, d’empires, du Monde au 15e siècle, d’histoire atlantique, d’Afrique, de Chine et des Amériques…

En souhaitant une bonne année à tous nos lecteurs.

Le débat transnational. 19e-21e siècle

Monde(s). Histoire Espaces Relations, n° 1, mai 2012, www.monde-s.com

En mai 2012 paraissait le premier numéro de Monde(s), qui se présente comme la première revue en France consacrée à l’histoire globale. Cette publication, émanation d’un centre de recherches (Irice, Paris-I et IV), s’affirme de fait comme une revue d’histoire des relations internationales d’un type nouveau, centrée sur les 19e et 20e siècles, mais ouverte sur les époques antérieures.

Dans un avant-propos lumineux, Robert Frank – directeur de publication – nous en annonce le programme : déconstruire, décentrer et décloisonner ; dépasser le cadre national sans pour autant l’oublier, s’ouvrir au monde sans négliger l’Europe, et surtout, relier les choses entre elles pour leur donner du sens.

Ce premier dossier, dirigé par Sabine Dullin et Pierre Singaravélou, est constitué d’articles se complétant avantageusement. Pierre-Yves Saunier plaide pour une coopération transdisciplinaire permettant d’approfondir les horizons d’engagement des ONG. R. Frank se penche sur les « émotions mondiales », quand Hervé Mazurel revient sur la vague philhellène qui embrasa l’Europe dans les années 1820. D’autres articles explorent l’internationalisation de la santé publique en Asie, le débat État-nation contre grands ensembles transnationaux au temps de la guerre d’Algérie, la science de la colonisation… Le tout est complété par des varia pour partie en anglais, et des discussions autour d’un livre (L’Arme secrète du FLN, de Matthew Connelly, trad. fr. Françoise Bouillot, Payot, 2011).

« Empires », « Inventions des continents » et « Diplomaties » doivent suivre. Souhaitons bon vent à cette nécessaire et prometteuse entreprise.

D’après une recension d’Olivier Grenouilleau, initialement publiée dans Sciences Humaines, n° 241, oct-nov. 2012.

 

Empires

Monde(s). Histoire Espaces Relations, n° 2, nov. 2012, www.monde-s.com

La question des empires a nourri une abondante historiographie lors de cette dernière décennie. Coordonné par Pierre Boilley et Antoine Marès, ce riche numéro traite des « Notions d’empire » (Empire romain, monarchie des Habsbourg, le déni de l’Empire américain) ; des « Empires et monde » (les Moghols, les empires Tang et musulman dans le système-monde des 7e-10e siècles – par Philippe Beaujard –, d’Istanbul) ; des « Imaginaires et invention des empires » ; des « Fonctionnements impériaux » ; avant de traiter la question de « Les empires meurent-ils ? » (Empires espagnol, moghol, tsariste, soviétique). Et Empires, de la Chine ancienne à nos jours, de Jane Burbank et Frederick Cooper, trad. fr. Christian Jeanmougin, Payot, 2011, fait logiquement l’objet de la rubrique « Débat autour d’un livre ».

 

Inventer le monde. Une histoire globale du 15e siècle

La Documentation photographique, n° 8090, déc. 2012.

Au-delà de Jeanne d’Arc boutant les Anglais hors d’Orléans, de Gutenberg découvrant l’imprimerie, de la chute de Constantinople et de la découverte de l’Amérique ouvrant la voie à l’expansion européenne, où a pris place le 15e siècle ? « Le lieu du 15e siècle ne peut être que le monde », écrit l’auteur de ce beau numéro Patrick Boucheron, et son temps est celui de tous les possibles. Comme le résume la quatrième de couverture : les marchands de l’océan Indien comme les marins chinois de l’amiral Zheng He, les sociétés indigènes d’Amérique comme les conquérants ottomans ont toute leur place dans cette histoire d’ouvertures, de rencontres, de rendez-vous –, de confrontations aussi, entre différents mondes. Un panorama d’une première mondialisation, pas encore occidentale.

Amérique latine, les défis de l’émergence

La Documentation photographique, n° 8089, sept. 2012.

Afrique du Sud. Entre héritages et émergence

La Documentation photographique, n° 8088, juin 2012.

 

Histoire atlantique

Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 67, n° 2, avril-juin 2012.

Ce numéro s’ouvre sur un article revisitant l’Antiquité celtique des 4e et 3e siècles avant notre ère, pour présenter une société en expansion, au modèle social que les archéologues devinent aujourd’hui moins barbare et plus original que ce que l’on croyait. Il se poursuit sur un dossier « Histoire atlantique », où Cécile Vidal expose les débats émergeant de ce champ historiographique en Amérique du Nord depuis vingt ans. En complément, Silvia Sebastiani explore les non-dits racialistes de la rédaction de l’Encyclopedia Britannica au 18e siècle, et Will Slauter se penche sur la circulation des informations à la même époque.

 

L’Afrique

Dix-huitième Siècle, n° 44, 2012.

Un épais volume explorant brièvement l’Afrique du 18e siècle, puis détaillant les représentations que l’Europe s’en faisait alors.

 

L’invention politique de l’environnement

Vingtième Siècle, n° 113, Presses de Sciences-Po, janvier-mars 2012.

À l’heure où la question environnementale s’invite dans les débats politiques, cette revue explore, sous la direction de Stéphane Frioux et Vincent Lemire, une histoire de l’invention culturelle de l’environnement au 20e siècle, avant que le 21e pose l’injonction consécutive du développement durable. Une chronologie pour repenser l’ensemble, des analyses transnationales, un bel article sur « L’invention politique de l’environnement global » lors de la guerre froide, des jeux d’échelles et des regards microhistoriques sur les acteurs… Le pari de baliser le terrain est tenu, même si l’on regrettera une focalisation sur l’Occident.

Penser l’écologie politique en France au 20e siècle

Écologie & Politique, n° 44, 2012/2.

Bertrand de Jouvenel, Denis de Rougemont, Robert Hainard, Serge Moscovici, Bernard Charbonneau, Jacques Ellul et André Gorz… Ce numéro dirigé par Jean-François Mouhot et Charles-François Mathis présente les principaux précurseurs de l’écologie politique et s’efforce d’expliquer les raisons de la faiblesse de leur influence.

 

Prédictions apocalyptiques et prévisions économiques

Raisons politiques, n° 48, nov. 2012.

Il n’ y a pas que de l’économie dans ce numéro : y sont analysés L’Échec d’une prophétie de Leon Festinger et le curieux sort du mont Bugarach, de même que la Grande Dépression américaine, un cas d’eschatologie cybernétique et les « erreurs » de la prédiction économique. Une manière de se rappeler que nous avons survécu en 2012 à une énième annonce de fin du monde.

7 milliards d’hommes

Problèmes économiques, n° 3046, 20 juin 2012.

7 milliards d’hommes (et aussi de femmes). Un numéro pour rappeler les grandes tendances de la démographie mondiale : la population vieillit, un humain sur deux habite en ville, et le monde se masculinise… La « guerre aux filles » faisant rage en Inde, au Pakistan ou en Chine, on estime qu’environ 160 millions de fillettes manquent à l’appel par suite de natacides.

L’aventure oubliée des Indiens d’Amérique. Des Micmacs au Red Power

L’Histoire, Les collections, n° 54, janv.-mars 2012.

Un panorama de l’histoire nord-amérindienne, en quatre parties : « Avant les Européens », « Le temps des Français », « États-Unis : le grand face-à-face » (à compléter avec la lecture de l’excellent L’Empire comanche, de Pekka Hämäläinen, trad. fr. Frédéric Cotton, Anarchasis, 2012) et « La renaissance indienne ». À noter l’instructif et pourtant court article de Philippe Jacquin, « Étaient-ils les premiers écologistes ? », qui tord le cou à un mythe tenace : non, les Amérindiens « ne protégeaient pas la nature, ils s’en protégeaient » plutôt, et leur arrivée coïncida avec un appauvrissement de la biodiversité, comme partout où s’établit l’humain.

L’empire américain. Du Big Stick au Soft Power

L’Histoire, Les collections, n° 56, juillet-sept. 2012.

Atlas des Amériques

Les Atlas de L’Histoire, n° 376S, mai 2012.

La Chine, 1912-2012. D’un empire à l’autre

L’Histoire les collections, oct. 2012.

Un siècle d’histoire chinoise en trois parties : « Le temps des révolutions », « Les années Mao », « Le tournant capitaliste », avec pour guides les meilleurs spécialistes : Roy Bin Wong, Marie-Claire Bergère, Danièle Elisseeff, Lucien Bianco, Jean-Louis Margolin, Yves Chevrier, Jean-Luc Domenach, François Godement, Thierry Sanjuan, Isabelle Attané…

Chines. L’État au musée

Gradhiva, n° 16, 2d semestre 2012.

Un dossier original, portant des regards instructifs sur la/les Chine(s) contemporaine(s) au prisme de la patrimonialisation : politiques muséales de la République, mise en scène de l’histoire impériale, enjeux locaux d’une fête en voie de disparition, exposition du monde englouti par le barrage des Trois-Gorges, légitimation ou non de la religion populaire ou création d’un hall populaire hakka à Taïwan…

Les grandes civilisations. Racontées par les plus grands maîtres

Le Nouvel Observateur, Hors-série « Les Essentiels » n° 1, juin-juillet 2012.

Sous un titre racoleur, un fort intéressant numéro compilant des articles best-off déjà parus. De l’attendu – un entretien avec Jacques Le Goff sur l’Europe médiévale, un récit de Paul Veyne sur Rome, le point de vue de François Cheng sur la Chine, de feue Christiane Desroches-Noblecourt sur l’Égypte, d’Armand Abécassis sur le monde juif ou d’Henry Laurens sur le monde arabe… – comme de l’histoire globale – Jack Goody plaidant pour l’histoire du monde non occidental, Romain Bertrand défendant de même une « histoire équitable », Elikia M’Bokolo sur l’histoire de l’Afrique – et de l’anthropologie – Philippe Descola sur les Jivaros, Barbara Glowczewski sur les Aborigènes australiens, une interview de Marshall Sahlins sur le Pacifique, une autre d’Augustin Berque sur le Japon…

Les printemps arabes et le monde

Raison présente, n° 182, 2e trimestre 2012.

Cette revue éditée par l’Union rationaliste dresse dans ce numéro un bilan des printemps arabes dans une perspective mondiale. Rôle des diasporas et impact sur la situation des migrants, réactions à la mondialisation, relations internationales, arrière-plan démographique, modèles politiques… Les différents éléments de ces insurrections y font l’objet d’analyses de spécialistes reconnus.

La guerre. Des origines à nos jours

Sciences Humaines Histoire, n° 1, nov.-déc. 2012.

Une histoire de la guerre, de la préhistoire à aujourd’hui.

Géopolitique de l’océan Indien

Hérodote, n° 145, 2e trimestre 2012.

Entre ambitions chinoises, montée en puissance de l’Inde, présence des flottes militaires états-uniennes, routes du pétrole, piraterie au large d’Aden… L’océan Indien conserve le rôle géopolitique de premier plan qui est depuis longtemps le sien.

Mondes perdus

Les Cahiers de Science et Vie, n° 130, juillet 2012.

Pétra, Machu Picchu, Muraille de Chine, Vallée des rois, Taj Mahal, Tombouctou, Venise, Pompéi ou Lascaux… Si les noms font rêver, le patrimoine mondial que représentent ces sites et bien d’autres subit des menaces diverses.

Le génie de la Renaissance. Quand l’Europe se réinvente

Les Cahiers de Science et Vie, n° 128, avril 2012.

En dépit d’un parti pris eurocentré, entre « découverte » de la perspective dans l’art, exaltation de la fabrique du progrès et des grands explorateurs, on lira avec plaisir ce numéro pour la qualité des articles et des illustrations.

Aux origines de Dieu

Les Cahiers de Science et Vie, n° 131, août 2012.

Le Moyen Âge a tout inventé ! Énergies renouvelables, services publics…

Historia spécial, n° 7, sept-oct. 2012.

École, État moderne, encyclopédie, université, impôt permanent, économie verte, progrès de l’artillerie, armée moderne… Innombrables sont les innovations que l’on peut attribuer au Moyen Âge. Une manière originale de réhabiliter ces temps dits obscurs, limitée à l’Europe. Il faudra s’essayer à traiter le même sujet en Chine ou ailleurs.

Venise. Les doges, l’empire, la République, 697-1697

Géohistoire, n° 3, mai-juin 2012.

Le bouddhisme. De la naissance de Siddharta à l’exil du Dalaï-Lama

Géohistoire, n° 6, déc. 2012/janvier 2013.

L’Homme de Néandertal et l’invention de la culture

Dossier pour la science, n° 76, juillet-août 2012.

Quelques préhistoriens soulignent que les premières sépultures comme les débuts des bijoux et rituels sont attribuables à notre cousin Néandertal… Il n’en faut pas plus pour renouveler notre regard sur le passé et ramener notre espèce à la modestie.

L’histoire de France vue d’ailleurs

Books, n° 34, juillet-août 2012.

Une manière salutaire de traiter l’histoire en cette année 2012 qui voit, surfant sur le succès éditorial rencontré par l’histoire, surgir nombre de nouveaux magazines (Le Figaro histoire, Histoire(s) magazine, etc.) consacrés à cette discipline, mais limitant souvent leur objet au seul passé national.

L’Atlas des utopies

Le Monde/La Vie hors-série, oct. 2012.

Vingt-cinq siècles d’histoire en 200 cartes. Un copieux numéro.

Histoire mondiale, histoire globale, histoire connectée

Et en bonus, sur Internet, un fort intéressant dossier de Nonfiction.fr

www.nonfiction.fr/article-6123-dossier__histoire_mondiale_histoire_globale_histoire_connectee.htm

La constante Apocalypse

21 12 2012, le chiffre de la fin. Raz-de-marée médiatique pour une fin du monde anticipée. Les journalistes multiplient les articles, les éditeurs les livres, les experts les analyses, date de péremption programmée oblige. L’occasion de revenir sur la longue histoire des millénarismes, globale, pour montrer en quoi la prophétie de cette fin de semaine est un phénomène parfaitement artificiel : personne n’y croit, et elle n’a de maya que le nom.

Temps cyclique, temps linéaire

Pour qu’il y ait apocalypse, que soit soulevé au terme du monde le voile des apparences (une apocalypse est littéralement dévoilement, révélation), il faut qu’il y ait un début, c’est-à-dire un calendrier. Au commencement était donc le Néolithique. Puisque les premiers calendriers semblent nés de la nécessité de prévoir les cycles de la nature pour l’ensemencer. Mésoaméricain, chinois ou mésopotamien, ces calendriers sont nés de la Révolution néolithique, ont participé à la complexification des sociétés, à la montée en puissance des hiérarchies, à la spécialisation des tâches : les scribes notaient les saisons, les sages les observaient, et le roi se gardait le monopole sacré de proclamer les moments des récoltes et des semences. Faute de travaux convaincants, la vulgate demeure, car probable dans ses grandes lignes. Le temps cyclique des chasseurs-cueilleurs, celui des migrations de gibier et de collecte des plantes sauvages, avait cédé la place à un autre temps cyclique, celui des saisons, des mois et des semaines – qu’il soit sur une base 20 (calendrier mésoaméricain), une base 12 (version mésopotamienne, qui nous a légué nos 12 mois) ou une base plus ou moins décimale (vieux calendrier chinois).

La mutation fondamentale, probablement mésopotamienne, s’est manifestée avec l’apparition logique du temps linéaire. Nous devons beaucoup, en matière calendaire, à la Mésopotamie : ainsi du mythe du Déluge, attesté dans l’épopée de Gilgamesh, qui raconte déjà une apocalypse. La Bible y a puisé abondamment. Pour Norman Cohn [1957], l’idée millénariste, révolutionnaire entre toutes, est née avec les prêches de Zoroastre en Iran. Reprise par les communautés juives de Babylone, elle se distilla ensuite largement par le biais de la Bible.

L’apocalypse est un genre littéraire en vogue au début de notre ère, dans les milieux judaïsants. L’occupation romaine de la Judée est un signe de la colère de Dieu, la fin est proche. Les concessions que se font les différentes églises judéo-chrétiennes – ou les luttes – aboutissent apparemment à ce qu’un de ces textes, l’Apocalypse de Jean, soit compilé entre 2e et 4e siècles comme texte conclusif de la sélection officielle du Nouveau Testament, celui des chrétiens. On ne compile la Parole de Dieu, les actes de son Fils accomplissant les prophéties de l’Ancien Testament (celui des Juifs), que quand on réalise que la fin du monde tant attendue n’est pas si proche. Jésus annonçait le Royaume, il devait revenir instamment, il ne revient pas… C’est sur l’échec d’une prophétie que se bâtit l’Église, en charge de gérer le troupeau dans l’attente toujours déçue du retour du berger. Et l’ombre de Jean plane sur cette Chrétienté. Un jour, la fin… Mais toujours l’espérance : il est écrit qu’après de grandes souffrances, les villes seront anéanties, les méchants  châtiés, pour laisser les justes vivre un millénaire de bonheur agraire.

Millénarisme bouddhiste

De son côté, le bouddhisme n’était pas resté à l’abri de la contagion millénariste. Dans le chaudron iranien, où il s’était diffusé quelque peu dans les siècles précédant l’ère chrétienne, il semble avoir approfondi l’idée d’un monde évoluant vers sa fin. Un concept en germe dès ses origines. Une légende ancienne, car commune aux différentes écoles, raconte que le Bouddha avait prédit que le monde prendrait fin trois mille ans après ses prêches : un premier millénaire durant lequel la Loi bouddhiste serait respectée ; un deuxième pendant lequel cette Loi serait dévoyée ; un troisième qui en verrait l’oblitération, et se conclurait sur un Armageddon (pour reprendre un terme hébreu) ou un Ragnarok (son équivalent scandinave). Mais Ananda, cousin du Bouddha, bouleversa cette programmation. Bouddha avait posé que le Salut n’était accessible qu’aux hommes (de sexe masculin), nés nobles, qui entreraient dans les ordres monastiques. Tous les exclus étaient voués au cycle des réincarnations – les femmes mauvaises ayant même droit à un enfer spécifique, dit sanglant. Ananda intercéda auprès de son saint cousin, demandant à ce que sa noble mère puisse entrer dans les ordres et accélérer ainsi sa progression spirituelle. Le Bouddha se laissa fléchir, mais estima que cette funeste décision réduirait à cinq siècles l’ère de la Loi respectée. Faites le calcul : nous ne serions pas très loin des deux mille cinq cents ans après la mort du Bouddha…

Un des premiers Bouddhas figurés par l’art gréco-indien des royaumes afghano-iraniens fondés par Alexandre est connu comme Maitreya, le Bouddha du Futur, celui qui viendra à la fin des temps. Contrairement aux autres Bouddhas, généralement assis, celui-ci est représenté debout. La diffusion de ces statues dans toute l’aire bouddhiste, de l’Afghanistan au Japon, atteste de l’importance de son culte dans l’histoire. Au Japon, au 13e siècle, le moine bouddhiste Nichiren se fit le propagandiste d’une fin du monde annoncée (les invasions mongoles) pour punir les dirigeants corrompus de son temps. Sa prophétie fit long feu, ce qui n’empêcha pas ses enseignements de prospérer. 30 millions de Japonais déclarent aujourd’hui suivre une des Églises qui se revendiquent de Nichiren.

Mille ans de bonheur

En Europe, si l’échéance de l’an Mil semble être passée relativement inaperçue, divers mouvements (notamment les joachimistes, suivants de Joachim de Flore) affectent durement la Chrétienté. Se basant sur l’Ancien Testament, des communautés défavorisées mélangent mobilisation mystique et revendications sociales : les séides de Dieu clament l’imminence du retour du Christ, sont prêts à se sacrifier pour qu’advienne le millénaire de bonheur promis par les prédictions bibliques. Le monde est sur le point de prendre fin, une ère de bonheur attend les élus… Terrifiées par ces mouvements, les autorités civiles et religieuses vont tout faire pour les écraser : du 11e au 16e siècle, des croisades des pauvres scandées par les massacres de Juifs à l’holocauste des anabaptistes de Münster [BARRET ET GURGAND, 1981], l’histoire du millénarisme s’écrit dans le sang. Et au 16e siècle, l’idée millénariste est mondiale : on la découvre partagée par les élites et petites gens en Europe comme en Chine et en Amérique centrale.

La traditionnelle saga de l’eschatologie occidentale [COHN, 1957 ; VAUCHEZ, 2012 ; DELUMEAU, 1995 ; DESROCHE, 1969 ; STAVRIDES et BERNHEIM, 1991] nous invite alors à questionner l’époque contemporaine ! Croire que l’histoire est déterminée, qu’il y a des causes sacrées, des méchants archétypaux qui doivent être exterminés pour que les élus soient sauvés… Les vieilles thèses continuent à mobiliser partout sur la planète [JUERGENSMEYER, 2003]. Si l’idée est présente dans les religions d’inspiration biblique (judaïsme, christianisme, islam), Mark Juergensmeyer souligne qu’elle se manifeste aussi dans le bouddhisme ou le taoïsme. Cette dernière religion s’est d’ailleurs structurée une première fois vers le 2e siècle de notre ère avec l’Église des maîtres célestes. Celle-ci impose l’idée qu’établir un État théocratique permettra d’inaugurer des temps nouveaux, où les paysans ne subiront plus le joug des puissants. De multiples rébellions seront brisées par les guerres que leur livreront les dynasties successives. Au 19e siècle, un dernier spasme secoue la Chine. Mêlant traditions taoïstes et bibliques, un jeune homme se proclame frère de Jésus et instaure le Royaume de la Grande paix. La guerre des Taïpings va opposer ce mouvement à l’Empire chinois, et fera environ 30 millions de morts – la plus importante guerre civile de l’histoire mondiale. On comprend pourquoi une des obsessions du pouvoir chinois, de tout temps, est de contrôler strictement l’activité des Églises.

Quand des sociétés connaissent un sort peu enviable, le millénarisme est souvent à l’affût. Peu importe l’état réel des forces en présence, Dieu est supposé accomplir des miracles pour les justes : en 1666, un prophète juif du nom de Sabbataï Tsevi soulève ses coreligionnaires contre l’Empire ottoman. Plusieurs prophétismes en Afrique noire, comme les différents mahdismes des pays musulmans (Inde [GABORIEAU, 2012], Soudan…), se manifestent en réaction à l’impérialisme occidental. Le bâbisme, un mouvement apocalyptique issu de l’islam, qui provoque une guerre civile en Perse au milieu du 19e siècle, repose sur des ressorts similaires.

L’idée de millénarisme, on l’aura noté, n’était pas nouvelle en islam : dès ses débuts, les mouvements chi’ites ismaéliens (Zendjs, Qarmates, Fatimides…) avaient proclamé la fin des temps. On lira avec intérêt l’analyse que Christian Jambet consacre à La Grande Résurrection d’Alamût [1990] au 12e siècle, lors de laquelle le grand maître de la communauté des Assassins abolit la Loi divine – une façon, selon l’auteur, d’explorer les limites du possible en matière de liberté.

Et pour aujourd’hui ? On ne croira pas en avoir fini avec L’Apocalypse dans l’Islam, une inquiétante thématique toujours mobilisatrice aujourd’hui, estime l’islamologue Jean-Pierre Filiu [2008]. Et avant de piocher dans la prolifique vague qui précède la prophétie de 2012, on peut encore plonger dans l’enquête qui poussa le sociopsychologue Leon Festinger [1956] et ses comparses à infiltrer une secte qui annonçait déjà comme certaine la fin du monde pour le 21 décembre… 1954.

Le cru Maya 2012

Car on l’aura compris à ce qui précède, annoncer la fin du monde pour le solstice d’hiver 2012, c’est prolonger un jeu cruel, celui des prophéties manquées. Festinger a posé une théorie, celle de la dissonance cognitive, supposée expliquer comment un groupe de croyants, même confronté à l’échec d’une prophétie, survit au démenti des faits. Pour ne citer qu’un exemple parmi des milliers d’autres, les adventistes du Septième Jour sont issus d’un groupe d’adeptes millérites dont la conviction survécut au « grand désappointement » du 22 octobre 1844 – le Christ ne fut pas du rendez-vous. Mais le cru 2012 est surtout l’occasion de jouer à se faire peur, avec la rassurante conviction que rien n’arrivera. Même les tenants New Age de la prophétie, qui se basent sur de vagues calculs attribués aux Mayas (voir à ce sujet cette vidéo du CNRS), ne croient pas à l’apocalypse, mais à un renouvellement, qu’il soit galactique (une énergie venue du cosmos régénèrera le monde) ou extraterrestre (des ET viendront ouvrir une ambassade et pacifier notre planète)… Car les Mayas, partageant le même calendrier cyclique que les autres peuples de la Mésoamérique, ne pensaient pas que le monde allait prendre fin à la date fatidique du 4 ahau 3 kankin, supposée correspondre au 21 décembre 2012 de notre calendrier. Ce jour marque seulement la fin d’un grand cycle calendaire : pour un Maya de l’Époque classique, l’urgence serait alors d’aider au retour de la divinité Bolonyocte, qui remettra le temps en marche – il conviendrait quand même de procéder entre autres préliminaires indispensables à des sacrifices humains au sommet d’une pyramide à degrés. Le caractère bricolé de la prophétie est patent [GRATIAS, 2011] : si le fond est présenté comme « maya », l’idée motrice d’Apocalypse est judéo-chrétienne, et l’une des pièces à conviction, dite maya, la Pierre du Soleil, est en fait un calendrier aztèque ne mentionnant pas la date à laquelle on fait correspondre le 21 décembre 2012.

Alain Musset, dans un livre jubilatoire [2012], montre à quel point cette thématique apocalyptique se nourrit des mythologies contemporaines que sont les livres et les films de science-fiction et d’ésotérisme, à mille lieux des préoccupations des descendants des Mayas – ceux-ci se désintéressent pour l’essentiel de cette lubie d’Occidentaux, à l’exception des néo-chamanes qui trouvent à s’employer comme marabouts en zone urbaine. Son travail offre un immense mérite, outre celui de récapituler les milliers de façons dont notre civilisation peut s’effondrer (causes environnementales, galactiques, telluriques, nucléaires, religieuses, etc.) : c’est de montrer que ces peurs sont très présentes dans notre imaginaire, et que le 21 décembre 2012 offre un ersatz de carnaval permettant de les dédramatiser. Sans le contexte de crise (économique, spirituelle, climatique…) auquel nous sommes médiatiquement confrontés, il y a fort à parier que le business catastrophiste n’aurait pas rencontré un tel succès.

BARRET Pierre et GURGAND Jean-Noël [1981], Le Roi des derniers jours, L’exemplaire et très cruelle histoire des rebaptisés de Münster (1534-1535), Paris, Hachette, 1981, rééd. Complexe (Paris), 1996.

COHN Norman [1957], Les Fanatiques de l’apocalypse. Courants millénaristes révolutionnaires du 11e au 16e siècle, trad. fr. Simone Clémendot, Paris, Payot, 1983, rééd. Aden (Paris), 2011.

DELUMEAU Jean [1995], Une histoire du Paradis. T. II : Mille ans de bonheur, Paris, Hachette, rééd. 2002.

DESROCHE Henri (dir.) [1969], Dieux d’hommes. Dictionnaire des messianismes et des millénarismes du 1er siècle à nos jours, Paris, Mouton, rééd. Berg (Paris), 2010.

FESTINGER Leon, RIECKEN Hank et SCHACHTER Stanley [1956], L’Échec d’une prophétie, trad. fr. Sophie Mayoux et Paul Rozenberg, Paris, Puf, 1993.

FILIU Jean-Pierre [2008], L’Apocalypse dans l’Islam, Paris, Fayard.

GABORIEAU Marc [2010], Le Mahdi incompris, Paris, CNRS Éd., 2010.

GRATIAS Laure [2011], La Grande Peur de 2012. Ce que disent vraiment les prophéties, Paris, Albin Michel.

JAMBET Christian [1990], La Grande résurrection d’Alamût. Les formes de la liberté dans le shî’isme ismaélien, Paris, Verdier.

JUERGENSMEYER Mark [2003], Au nom de Dieu, ils tuent ! Chrétiens, juifs ou musulmans, ils revendiquent la violence, trad. fr. Nedad Savic, Paris, Autrement.

MUSSET Alain [2012], Le Syndrome de Babylone. Géofictions de l’Apocalypse, Paris, Armand Colin.

STAVRIDES Guy et BERNHEIM Pierre-Antoine [1991], Histoire des paradis, Paris, Plon, rééd. Perrin (Paris), 2011.

VAUCHEZ André (dir.) [2012], Prophètes et prophétisme, Paris, Seuil.

La guerre prémoderne, 5e-15e siècles

Le Moyen Âge est une période historiquement déterminée. Et encadrée par des événements qui ne font sens que d’un point de vue occidental : 476, date symbolique de la chute de Rome déterminée par la déposition du dernier empereur par le chef de guerre barbare Odoacre – on peut retenir d’autres marqueurs – ; 1453, prise de Constantinople par les Ottomans et aussi fin de la guerre de Cent Ans, ou 1492, « découverte » accidentelle du Nouveau Monde par Christophe Colomb et expulsion des Juifs d’Espagne. Un millénaire approximatif, longtemps vu comme une période obscure et violente assurant la transition entre l’âge d’or de l’Empire romain et le rayonnement de la Renaissance européenne.

La réalité, dans une perspective mondiale, est bien différente. Mais cette périodicité fait sens en portant un regard d’ensemble sur l’Eurasie. Les évolutions conjointes des sociétés et du fait guerrier offrent, au fil de ce long millénaire prémoderne, d’étonnantes similitudes, de l’Europe à la Chine en passant par le Nord de l’Afrique et le Moyen-Orient.

La première similitude nous est donnée par la quasi-simultanéité de la chute des grands empires qui dominaient le monde au début de notre ère. La Chine impériale des dynasties Han (de 206 à 9 avant notre ère puis de 25 à 220) s’effondre sous les coups de la confédération de tribus nomades d’Asie centrale, les Xiongnus. Dans les deux siècles qui suivent, les confédérations huns, probablement de même origine que les Xiongnus, provoquent l’effondrement de l’ensemble des grandes puissances de l’Ancien Monde, poussant les Goths jusqu’à l’Empire romain : les grandes invasions fragmentent les empires romain, kushan au nord de l’Inde, et chinois. Elles sont le fait de peuples nomades, dont la force de frappe repose sur une cavalerie mobile harcelant les armées impériales majoritairement composées de fantassins. Ces peuples se regroupent ponctuellement sous la bannière de chefs susceptibles de leur assurer la victoire au sein de confédérations politiquement complexes. Et cette élite nomade a surtout pour but de s’insérer dans les civilisations qu’elles visent. Les peuples des steppes en Chine, les Goths, Alains, Burgondes et Vandales en Occident n’auront de cesse de copier les puissances qu’ils ont dépecées.

En Occident, la disparition des grandes entités étatiques d’antan entraîne celle du soldat – la machine de guerre romaine ne pouvait exister qu’entretenue par les richesses de territoires fiscalement productifs. Les royaumes romano-barbares ne mobilisent, quand les circonstances l’exigent, que de petites armées de volontaires nobles. En 841, la bataille de Fontenoy-en-Puisaye, qui engage le destin de l’Europe quand les trois petits-fils de Charlemagne se disputent son empire, n’a probablement mobilisé que quelques milliers d’hommes. Ces combattants devaient en effet disposer des ressources suffisantes pour entretenir leur équipement, soit un bouclier – et dans l’idéal une armure – complété d’une lance, d’une hache et mieux, d’une épée. La complexité des techniques de forge et le coût en matériaux font de cette arme, souvent entourée de pouvoirs magiques et transmise de génération en génération, un luxe symbolisant le statut d’homme libre. D’élément militaire clé des armées nomades qui sévissent toujours entre Chine et Europe – jusqu’à la Hongrie magyare –, le cheval est devenu en Europe un moyen de déplacement jusqu’au champ de bataille, où l’on s’affronte généralement à pied, en petites formations compactes – les Vikings et Normands passent maîtres en cet art, qui leur vaut d’être embauchés comme mercenaires partout en Europe, jusqu’à la cour de Byzance.

Le voyage de l’étrier

En Chine, vers la fin du 6e siècle, intervient un nouvel élément : l’apparition de la cavalerie lourde, rendue possible par l’étrier, qui dote le guerrier armuré chargeant à la lance d’une puissance de frappe inégalée. L’invention complète un arsenal chinois depuis longtemps conséquent (paysans-soldats évoluant en formations de piquiers, arbalétriers équipés d’armes à tir rapide, cavalerie d’archers montés des auxiliaires nomades…), et contribue à la nouvelle réunification d’une Chine infiniment plus peuplée que l’Europe sous la dynastie Tang (618-907). L’étrier se diffuse rapidement et atteint l’Europe de l’Ouest dès le 8e siècle. Il permettra à l’Empire byzantin d’aligner des cataphractaires, à l’Occident de voir se structurer la chevalerie, favorisera au 13e siècle l’affirmation des Mamelouks en Égypte.

Car dans l’intervalle, entre Orient et Occident a émergé une nouvelle puissance : l’Islam, entité territoriale fédérée par une foi commune et une obéissance très symbolique à la personne du calife, dépositaire plus ou moins légitime de l’héritage du prophète fondateur Mahomet. Entre 632 et 751, cette nouvelle puissance a annexé un espace s’étendant de l’Afghanistan à l’Espagne – se morcelant in fine entre plusieurs États. Très vite, les Arabes intègrent dans leurs rangs les contingents des peuples conquis, renforçant leur cavalerie légère à la logistique assurée par des dromadaires, des lourds cavaliers perses, des archers montés turcs comme des fantassins du Moyen-Orient. Les Mamelouks ne sont, au départ, qu’une troupe d’élite spécialisée, des cavaliers lourds formés à partir d’esclaves entraînés dès l’enfance – les élites musulmanes faisant un usage régulier de soldats conscrits de force dès leur plus jeune âge, tels les janissaires du futur Empire ottoman.

En Europe, la supériorité des cavaliers lourds est devenue incontestable, mais elle ne peut se maintenir que grâce à une forte croissance urbaine et agricole – elle-même nourrie d’innovations orientales, telles le collier d’attelage. Jusqu’à l’an mil, l’Europe est la cible de raids, vikings ou sarrasins… À partir du 11e siècle, elle devient expansionniste – le symbole le plus marquant de ce renversement étant les croisades : 8 campagnes militaires menées au Proche-Orient entre 1095 et 1291, reconquista de l’Espagne qui s’étale du 9e siècle à 1492, christianisation par la force des peuples d’Europe orientale, mainmise sur les royaumes situés au Sud de la France sous prétexte de lutte contre les hérésies cathare et vaudoise… Les chevaliers, désargentés lorsqu’ils ne sont pas aînés de leur fratrie, ne rêvent que de conquérir de nouveaux fiefs.

Arts martiaux, entre Europe et Japon

Le progrès technique est une affaire transnationale. Les croisés s’extasient devant la qualité des sabres en acier de Damas, souvent fabriqués en Perse à partir de barres de métal produites en Inde… La poudre, inventée en Chine, suit les cavaliers mongols dans leur expansion avant de voir son usage perfectionné en Europe sous la forme du canon puis des bouches à feu portatives. L’arbalète, inventée en Chine au temps des Royaumes combattants (5e-3e siècles av. notre ère), est « découverte » par les croisés, qui en font rapidement un usage intensif : un arbalétrier est plus vite formé qu’un archer, et ses traits sont capables de percer les lourdes armures des chevaliers. L’efficacité de cette innovation est telle qu’elle est proscrite par bulle papale dans les luttes entre chrétiens dès le début du 13e siècle – une interdiction sans grand effet.

On voit également fleurir, aux deux bouts de l’Eurasie, Europe occidentale et Japon, des traités de combat au corps à corps à partir du 13e siècle. Le parallèle est frappant : les techniques de corps que dévoilent les documents plus ou moins cryptés des écoles (comment bloquer un coup de couteau, utiliser efficacement une lance en engageant la hanche, se battre immergé dans l’eau jusqu’à la taille ou se relever d’une chute engoncé dans une armure…) sont les mêmes. Par suite d’une histoire particulière, les Japonais conserveront ces techniques – pour partie dans leur cas d’origine chinoise – jusqu’à nos jours, sous les kimonos des pratiquants d’arts martiaux. Les Européens les oublieront, jusqu’à ce que l’archéologie expérimentale et les associations de passionnés les exhument. À contextes similaires, évolutions parallèles. Les grandes épées à deux mains ne seront guère utilisées qu’en Suisse, en Écosse ou au Japon par des formations de montagnards devant s’opposer à des invasions de cavaliers – une telle arme, difficile à manier, permet de faucher monture et homme à distance respectable.

Ce rapide survol montre en creux ce qu’il conviendrait encore d’explorer – l’histoire militaire de l’Europe est bien connue, celle des mondes musulmans, indiens, nomades ou chinois moins documentée, exception faite, en anglais, des traités de la maison d’édition Osprey Publishing. On pourrait suivre les Assassins dans leurs méthodes de guerre asymétrique, les empires nomades dans leurs évolutions techniques, les étonnants progrès des machines de guerre comme le trébuchet – l’usage décisif du contrepoids semble introduit en Chine sous les Mongols par des ingénieurs perses, au moment où les Européens le découvrent ; ou s’appesantir sur les ordres religieux militaires, Templiers, Hospitaliers et Teutoniques en Occident, reflétés à l’autre bout par les moines guerriers des sectes Shaolin en Chine, Tendaï au Japon.

Clôturons sur une généralité qui connaît quelques exceptions : alors que les États se font de plus en plus forts, les techniques évoluent partout vers plus d’efficacité, et les pouvoirs religieux, chrétiens, musulmans ou bouddhistes, s’embrigadent progressivement comme avocats des guerres justes menées par les puissances séculières, quand ce n’est pas comme acteurs militaires. D’un bout à l’autre de l’Eurasie, les hommes étaient les mêmes, les sociétés bénéficiaient d’une croissance démographique et d’une complexification des structures administratives. Et tous semblent contribuer à leur insu à l’avènement d’une modernité marquée par une violence de plus en plus soutenue.

Bibliographie

BARLOZZETTI Ugo et MATTEONI Sandro [2008], Les armes blanches qui ont façonné l’histoire. Des origines au 20e siècle en Europe et dans le monde, trad. fr. Denis-Armand Cana, 2010, Paris, Place des Victoires Éd.

CHALIAND Gérard [1990, rééd. 2009], Anthologie mondiale de la stratégie. Des origines au nucléaire, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins ».

CONTAMINE Philippe [1980, rééd. 1999], La Guerre au Moyen Âge, Paris, Puf.

DUBY Georges, dir. [2005, rééd. 2008], Une histoire du monde médiéval, Paris, Larousse.

HOLEINDRE Jean-Vincent et TESTOT Laurent, coord. [nov.-déc. 2012], « La guerre. Des origines à nos jours », Auxerre, Hors-série des Grands Dossiers des sciences humaines Histoire n° 1.

MERDRIGNAC Bernard et MÉRIENNE Patrick [2003, rééd. 2010], Le Monde au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France.

L’agenda de l’histoire globale – 4e trim. 2012

Cet agenda couvre la période de septembre à décembre 2012. Ce sera le dernier publié sur le blog. À partir de fin septembre 2012, ce service basculera sur le site www.histoireglobale.com. Le pari de produire tous les trimestres un agenda sur le blog « Histoire globale », pendant deux ans, a montré ses limites : les annonces nous parvenaient trop tard, et nombre de manifestations intéressantes n’ont pas été annoncées. Nous espérons qu’une mise en ligne, actualisée plus régulièrement, offrira davantage de réactivité.

Colloques

Les sources de la mondialisation : pour une approche réflexive

Mercredi 19 et jeudi 20 septembre 2012.

Guyancourt (78280). 47 Boulevard Vauban.

Contacts : Lamia Missaoui, lamia.missaoui [at] libertysurf.fr ; Olivier Roueff, o.roueff [at] free.fr

Thématique émergente des sciences humaines et sociales il y a encore une vingtaine d’années, la mondialisation est devenue une interrogation majeure de l’ensemble de leurs disciplines. Question à la fois récente et transversale, son étude a ainsi donné lieu à une pluralité d’approches. Économistes, sociologues, anthropologues ou historiens ont ainsi découpé l’objet mondialisation selon les catégories que leur fournissait l’histoire de leurs disciplines. Cette diffraction se complexifie, par ailleurs, si l’on met en regard différents champs scientifiques nationaux : l’analyse de la mondialisation y est non seulement menée par des disciplines aux traditions différentes, mais aussi en fonction des principes propres qui structurent chaque espace national. Un sociologue allemand, indien ou français verra sa compréhension de la mondialisation orientée par certaines caractéristiques de la sociologie allemande, indienne ou française ; mais aussi de la place de la sociologie dans son pays, du rôle qu’elle a pu avoir dans l’étude des phénomènes globaux par rapport à d’autres disciplines, de l’existence ou non d’espaces interdisciplinaires du type globalization studies, etc. Objet diffracté, la mondialisation appelle cependant une compréhension unifiée et moins segmentée. À question globale analyse globale, pourrait-on dire, la mise en lumière des angles morts qu’implique le double biais disciplinaire et national revêtant ici une importance plus grande. C’est à une telle réflexion sur la pluralité des perspectives sur la mondialisation, mais aussi sur les moyens de les reconfigurer et de les dépasser, qu’invite le colloque. Les différents intervenants sont ainsi invités à présenter concrètement ce qui a constitué les étapes d’une recherche sur l’un des objets de la mondialisation, et à expliciter les choix théoriques et méthodologiques qui ont été opérés par rapport à d’autres possibles. Tout autant que le cœur de leurs recherches, ils en aborderont les à-côtés, préciseront l’histoire de leurs disciplines et les principes qui structurent les champs scientifiques nationaux auxquels ils appartiennent, pour donner à voir ce qui a orienté leur démarche.

 

Passeurs de culture et transferts culturels

 

Vendredi 5 et samedi 6 octobre 2012.

Nancy. Université Nancy-2.

Contacts : Elsa Chaarani, Elsa.Chaarani [at] univ-nancy2.fr ;  Catherine Delesse, Catherine.Delesse [at] univ-nancy2.fr ; Laurence Denooz, Laurence.Denooz [at] univ-nancy2.fr

http://ticri.inpl-nancy.fr/wicri-lor.fr/index.php/Passeurs_de_culture_et_transferts_culturels_2012_Nancy

Toute langue traduit et véhicule une identité culturelle spécifique, collective ou personnelle, selon l’histoire du locuteur, de l’écrivain ou de l’artiste. Toutefois, au travers des mariages mixtes, des migrations, du déracinement, des exils, des expatriations, des redécouvertes identitaires dans les peuples postcoloniaux, se créent de nouvelles synergies qui, de nouveau, agissent sur la langue et la culture, générant ainsi une (des) nouvelle(s) langue(s) et une (des) nouvelle(s) culture(s) à l’intersection de deux ou plusieurs cultures originelles. Il se crée ainsi un nouvel espace interculturel en perpétuelle évolution et construction.

Le patrimoine archéologique et son droit : questions juridiques, éthiques et culturelles

Mardi 9 et mercredi 10 octobre 2012.

Paris, 75007, Théâtre Claude Lévi-Strauss, musée du quai Branly, 218, rue de l’Université.

Entrée libre et gratuite. Renseignement et inscription auprès du Cecoji : cecoji [at] ivry.cnrs.fr ; tél. 01 49 60 41 91 ; fax 01 49 60 49 36.

Coproduit par le Centre d’études sur la coopération juridique internationale (Cecoji/CNRS), le ministère de la Culture et de la Communication (direction générale des patrimoines/sous-direction de l’archéologie), et le musée du quai Branly.

Les facettes du paysage : nature, culture, économie

23e Festival international de géographie

Du jeudi 11 au dimanche 14 octobre 2011.

Saint-Dié-des-Vosges (88).

Contact : Freddy Clairembault, fclairembault [at] ville-saintdie.fr

www.fig.saint-die-des-vosges.fr

La fabrique et la genèse des paysages seront au cœur des débats. On s’interrogera aussi bien sur le « beau » paysage que sur le paysage « ordinaire ». Les valeurs du paysage, qu’elles soient environnementales (nature/culture ; services éco-systémiques), économiques (tourisme, immobilier), culturelles ou sociales seront évoquées. L’aménagement du territoire et l’impact paysager aussi : comment construire, aménager, gérer les paysages contemporains aussi bien au plan local qu’à l’échelle mondiale ? Le rôle des acteurs et des règlementations sera abordé ainsi que celle de la gouvernance paysagère. La Turquie, pays invité d’honneur, centralisera les réflexions autour de sa position géopolitique, de la question du modèle turc mais également de son dynamisme.

Les paysans

14e Rendez-Vous de l’histoire

Blois (41).

Du jeudi 18 au dimanche 21 octobre 2011.

www.rdv-histoire.com

Plus de 300 débats et 800 intervenants, une cinquantaine de films, un salon du livre d’histoire et un du livre ancien, des rencontres pédagogiques, des expositions, des cafés et dîners historiques… D’un programme pléthorique, retenons quelques-unes des manifestations liées à l’histoire globale :

• Jeudi 18 octobre 2012, de 14 h 30 à 16 h, Maison de la Magie : « La naissance de l’agriculture », avec Jean-Paul Demoule, Jean Guilaine, Éric Huysecom, Danièle Lavallée, Laurent Nespoulous.

• Vendredi 19 octobre 2012, de 15 h à 16 h 30, Hémicycle de la Halle aux grains : « Comment l’idéologie vient aux programmes d’histoire », avec Henri Guaino (sous réserve), Emmanuel Laurentin, Michel Lefebvre, Nicolas Offenstadt, Vincent Peillon (Sous réserve).

• Vendredi 19 octobre 2012, de 19 h 30 à 20 h 30, Hémicycle de la Halle aux grains : « Nourrir le monde, hier, aujourd’hui et demain : pour une agriculture durable », conférence de Sylvie Brunel.

• Samedi 20 octobre 2012, de 9 h 30 à 11 h, Maison de la Magie : « Les racines du monde global », avec Jean-Paul Demoule, Christian Grataloup, Philippe Norel, Laurent Testot, à l’occasion de la parution de Une histoire du monde global, coordonné par P. Norel et L. Testot, Édition Sciences Humaines, 2012.

• Samedi 20 octobre 2012, de 11 h à 12 h 30, Amphi 1, Université : « Les grandes étapes historiques de l’agriculture depuis dix mille ans », avec Mathieu Calame, Marc Dufumier, Olivier de Schutter (sous réserve), Michel Vanderpooten.

• Samedi 20 octobre 2012, de 14 h 15 à 15 h 45, Amphi 2, Université : « Des premiers agriculteurs aux rurbains », avec Hervé Hennezon, Christine Bousquet, Christophe Chandezon, Jocelyne Peigney.

• Dimanche 21 octobre 2012, de 11 h 30 à 12 h 30, Salle des conférences, Château royal : « Naissance de l’histoire du climat », conférence d’Emmanuel Le Roy Ladurie.

• Dimanche 21 octobre 2012, de 11 h 30 à 13 h, Amphi rouge, Campus de la CCI : « Produire plus ? Les mutations de l’agriculture du Moyen Âge à nos jours », avec Laurent Feller, Llorenc Ferrer-Alos, Anne-Lise Head-König, Laurent Herment, Cédric Perrin.

• Dimanche 21 octobre 2012, de 14 h à 15 h 30, Amphi vert, Campus de la CCI : « Les paysans : racines et sève des civilisations ? », avec Laurent Guerreiro, Éric Janvier, Brigitte Lion, Théophile M’Baka.

• Dimanche 21 octobre 2012, de 14 h à 15 h 30, Amphi 2, Université : « Disettes et famines », avec Guido Alfani, Gérard Béaur, Laurent Feller, Cormac o’Grada, Gilles van Kote.

• Dimanche 21 octobre 2012, de 14 h 30 à 16 h, Amphi 1, Université : « Les révoltes paysannes », avec Korine Amacher, Laurent Bourquin, Jean Garrigues, Pierre-François Souyri.

Révoltes et transitions dans le monde arabe : vers un nouvel agenda urbain ?

Mercredi 7, jeudi 8 et vendredi 9 novembre 2012.

Le Caire (Égypte). Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales (CEDEJ).

Contacts : Pierre-Arnaud Barthel, barthelp [at] enpc.fr ; Roman Stadnicki, roman.stadnicki [at] cedej-eg.com

Ce colloque international vise à débattre de la dimension urbaine des grands changements qui touchent actuellement le monde arabe, depuis les origines des épisodes révolutionnaires de 2011 jusqu’aux expériences actuelles de démocratisation, en passant par les phases de transition politique et de crise économique et sociale plus ou moins longues dans lesquelles les États sont encore pris.

L’invention de la « valeur universelle exceptionnelle »

Mercredi 14, jeudi 15 et vendredi 16 novembre 2012.

Dijon (21000). Université de Bourgogne, 36 rue Chabot-Charny.

Contact : Alain Chenevez, alainchenevez [at] gmail.com

http://colloque-patrimoinemondial.u-bourgogne.fr

L’inscription sur la Liste du patrimoine mondial est aujourd’hui un label très recherché par les Etats pour identifier, conserver et valoriser les biens culturels et/ou naturels. Une demande sociale s’est fortement développée et nous interroge sur l’émergence d’une valeur exceptionnelle universelle. Quelle est son histoire, quelles sont ses évolutions, ses difficultés, ses écueils ? Dans une perspective critique et pluridisciplinaire, ce colloque, organisé par le laboratoire Cimeos, le Centre Georges-Chevrier et la Maison des Sciences de l’Homme de l’Université de Bourgogne à l’occasion du 40e anniversaire de la Convention du patrimoine mondial de l’Unesco, vise à rendre compte de la diversité des approches pour appréhender la notion de patrimoine universel.

Le commerce du luxe – le luxe du commerce

Production, exposition et circulation des objets précieux du Moyen Âge à nos jours

Mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 novembre 2012.

Lyon (69005). Musées Gadagne, 1, place du Petit-Collège.

Contact : Natacha Coquery, natacha.coquery [a] wanadoo.fr

Comment se produisent, s’exposent, se diffusent et se consomment les produits du luxe ? Le but de ce colloque est de revenir sur la question de la spécialisation progressive d’un commerce voué aux objets précieux qui concourent à l’embellissement de la personne ou du cadre de vie. Le luxe a souvent été cantonné aux productions des beaux-arts ; il s’agira ici de montrer la richesse et la diversité de ce qui était (et reste) compris sous cette appellation et d’observer comment se sont progressivement mis en place des marchés spécialisés.

L’âge d’or des cartes marines

 

Lundi 3 et mardi 4 décembre 2012.

Paris (75002). Amphithéâtre Colbert, INHA, 2, rue Vivienne.

Contacts : Emmanuelle Vagnon, evagnon [at] yahoo.fr ; Catherine Hofmann, catherine.hofmann [at] bnf.fr

Ce colloque organisé par la Bibliothèque nationale de France et le programme de recherche de l’ANR Median, avec la collaboration du Comité français de cartographie et de l’International Society for the History of Maps, vient apporter un éclairage scientifique complémentaire à l’exposition « L’âge d’or des cartes marines », qui aura lieu à la BnF d’octobre 2012 à janvier 2013. Les communications porteront sur la fabrication et l’usage des cartes marines, puis sur les représentations cartographiques de l’océan Indien de l’Antiquité à l’époque moderne.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Les traumatismes de l’Empire : expressions, effets et usages des violences (post)coloniales

Jeudi 6 et vendredi 7 décembre 2012.

Montpellier (34090). Maison des sciences de l’homme, 17, rue de l’Abbé de l’Épée.

Contact : Éric Soriano, eric.soriano [at] univ-montp3.fr

Les recherches sur les dynamiques impériales permettent, depuis quelques années, de renouveler l’appréhension des questions coloniales et postcoloniales. Elles engagent en effet à s’affranchir d’une histoire strictement nationale pour mieux approcher la dynamique des sociétés et des groupes en déplacement, et incitent à approcher les politiques d’États en rendant mieux compte de l’espace de négociation qui les anime dans leurs relations avec les populations placées sous domination coloniale et postcoloniale. L’usage de la notion d’Empire permet ainsi de ne verser ni dans la vision unilatéralement « par le bas » des subaltern studies, ni dans la vision parfois trop textualisée ou trop centrée sur les seules représentations et imaginaires des études postcoloniales. Elle invite à penser le contact des populations de manière symétrique et à le situer dans leur espace social de pratiques. Elle invite également à repenser le lien métropole-colonie et à rompre avec l’idée souvent inconsciente d’un « âge zéro » de l’histoire correspondant à la conquête ou la gestion coloniales, en prenant également en considération les dynamiques sociales antérieures à la colonisation.

Sortie de la religion : racines chrétiennes et modèles chinois

Jeudi 6 décembre 2012.

Paris (75006). Auditorium, Centre Sèvres, 35bis, rue de Sèvres.

Contact : Sylvie Taussig, sylvie.taussig [at] gmail.com

Cette journée d’étude est consacrée aux inventions et productions religieuses de la modernité. Selon Marcel Gauchet, le christianisme est la religion de la sortie de la religion. Cependant pour certains sinologues, l’évolution du fait religieux en Chine indiquerait que le christianisme ne serait pas unique en l’espèce. Il s’agit donc d’évaluer si et comment la Chine remet en cause les théories occidentales en sciences sociales des religions et si les religions chinoises (confucianisme, bouddhisme, taoïsme, religion locale) sont compatibles avec nos modèles théoriques, en interrogeant notamment lien social et religion en Chine et en Occident.

Ailleurs

Religion in a globalized context: The Mediterranean and the World

Cesnur 2012 International Conference

Jeudi 20, vendredi 21 et samedi 22 septembre 2012.

El Jedida, Maroc. Chouaîb Doukkali University .

www.cesnur.org/2012/el_programme.html

Co-organized with Intercultural Studies and Research Laboratory (URAC 57) and Moroccan Culture Research Group (MCRG) at Chouaîb Doukkali University, El Jadida, Morocco, and the International Society for the Study of New Religions, the 2012 CESNUR (Center for Studies of New Religions) Conference will scan the world of globalized religions…

Integrating Research and Teaching: Africa in World History

NERWHA Fall symposium

Samedi 22 septembre 2012.

Boston, MA, États-Unis. African Studies Center, Boston University 232 Bay State Road.

Contact : Dane Morrison, dmorrison [at] salemstate.edu

www.nerwha.org

Organised by the Nerwha (New England Regional World History Association), this event will be headlighted by Trevor Getz, San Francisco State University, co-author of Abina and the Important Men: A Graphic History (2012).

 

New Directions in Global History

Jeudi 27, vendredi 28 et samedi 29 septembre 2012.

Oxford, Royaume-Uni, St. Antony’s College.

Contact : global [at] history.ox.ac.uk

www.history.ox.ac.uk/global

Global History has established itself over the last ten years as a powerful and dynamic sector in historical research with wide appeal to an informed lay readership outside the academy. Now is the time to take stock. This is partly to ask what have been the most fruitful lines of inquiry and the most productive approaches. But it is also to speculate on which new directions global history is likely to follow and what we should see as the most urgent or important new lines of inquiry. For its Founding Conference, Oxfords new Centre for Global History will engage with these questions across the whole chronological range from Ancient to Late Modern History. We have invited some of the foremost practitioners in the field to debate these issues. We expect that among the major themes to emerge will be how global history can connect with – and serve – different kinds of history, how it can benefit both from a dialogue across chronological periods and from cross-disciplinary research, and whether conceptual innovation should be a major priority. Plenary speakers include Nicholas Purcell, Arjun Appadurai, Kenneth Pomeranz, Linda Colley, Chris Bayly, Ian Morris, Bob Moore, Kevin ORourke, John McNeill, Maxine Berg, Jurgen Osterhammel, Francis Robinson, Chris Wickham and James Belich.

Aid, Emerging Economies and Global Policies

Conference on the launch of the 4th issue of International Development Policy

Mercredi 3 octobre 2012, après-midi.

Berne (3012), Suisse. Room 501, University of Berne, Hochschulstrasse 4.

Contact : Marie Thorndahl, marie.thorndahl [at] graduateinstitute.ch

http://graduateinstitute.ch/corporate/resources/events_types/calendarofevents_en.html?evenementId=144403

The emergence of new donors and development aid actors from the global South coupled with an increased focus on global public goods are challenging long-established aid agencies and policies. Emerging economies are turning into significant aid players… A panel of policy makers, scholars and practitioners from a diversity of backgrounds will discuss these complex issues in a lively roundtable moderated by a renowned journalist.

The Environment in World History: Seeing through a local or global lens

 

Portland, Oregon, États-Unis.

Vendredi 12 et samedi 13 octobre 2012.

http://public.wsu.edu/~nwwha

Histoire du capitalisme

37th annual meeting of the Social Science History Association

Du jeudi 1er au dimanche 4 novembre 2012.

Vancouver, Canada.

Contacts : Stefan Bargheer, sbargheer [at] mpiwg-berlin.mpg.de ; Emily Barman, eabarman [at] bu.edu ; Victoria Johnson, vjohnsn [at] umich.edu

www.ssha.org

Global Commodities: The material culture of early modern connections, 1400-1800

Mercredi 12, jeudi 13 et vendredi 14 décembre 2012.

Université de Warwick, Royaume-Uni.

Contacts : Anne Gerritsen, a.t.gerritsen [at] warwick.ac.uk ; Giorgio Riello, g.riello [at] arwick.ac.uk

Registration fee : £100 (£45 for students) till 15 October 2012.

Organised by Global History and Culture Centre University of Warwick, this conference seeks to explore how our understanding of early modern global connections changes if we consider the role material culture played in shaping such connections. In what ways did material objects participate in the development of the multiple processes often referred to as globalisation? How did objects contribute to the construction of such notions as hybridism and cosmopolitanism? What was their role in trade and migration, gifts and diplomacy, encounters and conflict? What kind of geographies did they create in the early modern world? What was their cultural value vis-à-vis their economic value? In short, we seek to explore the ways in which commodities and connections intersected in the early modern world.

 

Conférences

L’autre en question

 

Jeudi 13 septembre 2012.

Paris, 75007, musée du quai Branly, 218, rue de l’Université.

Entrée libre. Réservation obligatoire au 01 58 71 01 01 ou au 01 81 69 18 38, ou par email : rencontres [at] festival-idf.fr (précisez vos nom, prénom et adresse postale afin de pouvoir recevoir les billets correspondant à votre réservation).

• À partir de 18 h 30 : Table ronde avec Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS (Ceri/Sciences-Po), Pap Ndiaye, historien, maître de conférences à l’EHESS, et Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l’Université de Nice Sophia Antipolis. Animée par Marie Poinsot, politologue, rédactrice en chef de la revue Hommes et migrations, responsable du département Éditions de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration.

Entre rejet et solidarité, la présence en France de populations venues d’un « ailleurs » plus ou moins lointain n’a cessé de façonner la société dans ses multiples dimensions. De quelle manière les diasporas et les migrants qui les composent ont-ils nourri l’imaginaire français à travers les différentes époques ? L’immigration, loin de concerner seulement la France, s’inscrit plus largement dans une problématique mondiale. Comment les politiques d’immigration (les politiques de contrôles des flux migratoires et les politiques d’accueil des étrangers) ont-elles évolué au cours de ces trente dernières années ?

Organisé dans le cadre du festival d’Île-de-France, en collaboration avec le musée du quai Branly.

Mémoires de diasporas, entre effacement et transmission

 

Lundi 17 septembre 2012.

Paris (75005). Grand auditorium du Collège des Bernardins, 24 Rue de Poissy.

Entrée libre. Réservation obligatoire au 01 58 71 01 01 ou au 01 81 69 18 38, ou par email : rencontres [at] festival-idf.fr (précisez vos nom, prénom et adresse postale afin de pouvoir recevoir les billets correspondant à votre réservation).

• À partir de 20 h : Table ronde avec Alexis Nouss, professeur à la School of European Studies de l’Université de Cardiff (Royaume-Uni), fondateur et directeur du groupe de recherche montréalais POexil, Michel Bruneau, géographe, directeur de recherche émérite au CNRS, Paul Alerini, psychanalyste, et Zad Moultaka, compositeur. Animée par Virginie Symaniec, chercheur et traductrice, et Alexandra Galitzine-Loumpet, anthropologue.

En quittant leur pays d’origine, les individus en situation de diaspora font face à un exil intérieur autant que physique. De ces expériences vécues directement ou de manière lointaine, épanouies ou subies, découlent des mémoires, traumatiques ou refoulées, ou au sein desquelles il est parfois possible « de nourrir la nostalgie d’un pays que l’on n’a jamais connu, d’éprouver le manque d’une langue que l’on n’a jamais parlée » (A. Nouss). La présence du compositeur d’origine libanaise Zad Moultaka à la table ronde mettra également en lumière le fait que la création artistique est tout autant un vecteur essentiel de transmission de ces mémoires de diasporas qu’un catalyseur de rencontres des cultures.

Organisé dans le cadre du festival d’Île-de-France, en partenariat avec le Collège des Bernardins et en collaboration avec les rencontres Non-lieux de l’exil (Réseau Asie, CNRS/FMSH).

L’histoire mondiale de la colonisation

Cycle de conférences du musée du quai Branly

Paris, 75007, musée du quai Branly, 218, rue de l’Université.

Contact : Nathalie Mercier, nathalie.mercier [at] quaibranly.fr

www.quaibranly.fr

• Jeudi 20 septembre 2012, à partir de 18 h 30 : conférence-débat en présence de Alain Testard, anthropologue, « L’esclavage dans les sociétés archaïques ».

• Jeudi 29 novembre 2012, à partir de 18 h 30 : conférence-débat en présence de Jean Andreau, historien, « L’esclavage dans l’Antiquité gréco-romaine ».

• Jeudi 13 décembre 2012, à partir de 18 h 30 : conférence-débat en présence de Myriam Cottias, historienne, « Mémoire(s) des esclavages  ».

Décalages : les autres et nous

Cycle de conférences du musée du quai Branly

Paris, 75007, musée du quai Branly, 218, rue de l’Université.

Contact : Nathalie Mercier, nathalie.mercier [at] quaibranly.fr

www.quaibranly.fr

• Jeudi 27 septembre 2012, à partir de 18 h 30 : conférence-débat en présence de Françoise Sabban, sinologue et anthropologue, et Noëlie Vialles, anthropologue, « La viande en Chine et en Europe ».

• Jeudi 11 octobre 2012, à partir de 18 h 30 : conférence-débat en présence de Marie-France Auzépy, historienne, et Anne-Marie Moulin, historienne et philosophe de la médecine, « Le poil en Islam et dans le monde chrétien ».

• Jeudi 22 novembre 2012, à partir de 18 h 30 : conférence-débat en présence de François Vatin, sociologue et économiste, et Carole Ferret, ethnologue, « Le lait en Europe et en Inde ».

Repenser les phénomènes circulatoires

Journée d’études doctorales – Paris-1

Vendredi 28 septembre 2012.

Paris.

Contact : paris1jed2012 [at] gmail.com

Cette journée d’études sera l’occasion de questionner la manière dont on analyse aujourd’hui les phénomènes circulatoires, en proposant une approche pluridisciplinaire et une réflexion à plusieurs échelles afin de repenser ces processus.

Diasporas, une histoire en devenir : vers un monde transnational ?

Mardi 2 octobre 2012.

Paris (75013). Auditorium du Pôle des langues et civilisations, 65 rue des Grands-Moulins.

Entrée libre. Réservation obligatoire au 01 58 71 01 01 ou au 01 81 69 18 38, ou par email : rencontres [at] festival-idf.fr (précisez vos nom, prénom et adresse postale afin de pouvoir recevoir les billets correspondant à votre réservation).

• À partir de 18 h 30 : table ronde avec Stéphane Dufoix, maître de conférences HDR en sociologie (Université Paris-Ouest-Nanterre, laboratoire Sophiapol) et membre de l’Institut universitaire de France, auteur notamment de La Dispersion. Une histoire des usages du mot diaspora, Amsterdam, 2012, Dominique Schnapper, directrice d’études à l’EHESS, et El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’Université Paris IX-Dauphine. Animée par François Durpaire, historien, Université de Cergy-Pontoise.

À partir d’une approche historique des diasporas et d’une tentative de définition de la notion, cette table ronde s’interrogera sur le(s) sens et la pertinence d’un terme, devenu un véritable phénomène, à l’heure de la mondialisation et d’un mode de vie de plus en plus transnational. Elle mettra également en lumière le poids incontestable de ces mouvements de populations dans les échanges économiques et politiques mondiaux.

Organisé dans le cadre du festival d’Île-de-France, en partenariat avec la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (Bulac). Dans le cadre du cycle de conférences Les Mardis de la Bulac.

Grands témoins

Cycle de conférences du musée du quai Branly

Paris, 75007, musée du quai Branly, 218, rue de l’Université.

Contact : Nathalie Mercier, nathalie.mercier [at] quaibranly.fr

www.quaibranly.fr

• Vendredi 14 décembre 2012, à partir de 18 h 30 : conférence-débat en présence de Maurice Godelier, anthropologue, spécialiste des sociétés d’Océanie.

Séminaires

Genre, mobilisations et dynamiques sociales en Asie du Sud

12e séminaire jeunes chercheurs de l’AJEI

 

Paris, 75006, Ceri, 56 rue Jacob.

Jeudi 8 novembre 2012.

Contact : seminaire [at] ajei.org

Public : étudiants en sciences sociales de niveaux master, doctoral ou post-doctoral, travaillant sur l’Asie du Sud.

 

Aux origines de la mondialisation : histoire économique comparée Asie Europe, 1500-2000

Paris (75013). salle 681, bât. Le France, 190-198 avenue de France.

Les 1er, 3e et 5e mardis du mois, de 11 h à 13 h, du mardi 6 novembre 2012 au mardi 18 juin 2013.

Renseignements : Isabelle Deron, ideron [at] ehess.fr

www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2012/ue/307

Niveau requis : Étudiants, projet de recherche écrit, connaissance du chinois ou du japonais souhaitée.

Ce programme d’enseignement propose d’explorer une histoire économique comparée (Chine/Europe) en prenant pour objet d’étude les institutions économiques et les pratiques commerciales. Il s’agit d’une investigation, entreprise sur une vaste échelle, portant sur des institutions économiques ayant joué un rôle crucial dans la première mondialisation (16e siècle) et sur la « grande divergence » qui est advenue par la suite entre l’Asie et l’Europe. Parmi ces institutions l’on peut citer les partenariats commerciaux, les diverses formes de mobilisation des capitaux, le développement de sociétés en commandite et les sociétés par action…

Le principal objectif de cette recherche est de comparer systématiquement la trajectoire d’institutions économiques et de pratiques d’affaires dans deux environnement bien différenciés – l’Europe occidentale et l’Asie (essentiellement la Chine et le Japon) –, sur une longue période, courant du 16e au 21e siècle, et en prenant pour fil directeur l’analyse des pratiques de trois grands réseaux marchands chinois : celui du Fujian, celui de Huizhou (Anhui), et celui du Shanxi.

Racialisation et mondialisation

Le lundi, de 17 h à 19 h, d’octobre 2012 à mai 2013.

Paris (75016). NYU Paris, 56, rue de Passy.

Organisé par Beth Epstein et Carole Reynaud-Paligot (Paris-1) en collaboration avec Ann Thomson (Paris-8), ce séminaire a pour objectif l’étude, dans la longue durée et au sein de différents espaces géopolitiques, des processus de racialisation et/ou d’ethnicisation dans différents contextes sociohistoriques. Les catastrophes du 20e siècle ont rendu la notion de race impensable, mais elle continue néanmoins à structurer les pensées et la politique dans un monde où les frontières d’antan deviennent pourtant de plus en plus fluides. Comment expliquer la permanence de ces catégories qui ont si fortement façonné le monde moderne, alors que l’intensification des échanges semble rendre les identités moins rigides ? En créant un réseau de chercheurs de disciplines différentes (histoire, sociologie, ethnologie, anthropologie, science politique, littérature, histoire de l’art), il s’agit de mobiliser des méthodes et des problématiques diverses à travers le temps et l’espace afin d’enrichir la compréhension de ces phénomènes dans une perspective comparatiste.

Ce séminaire est ouvert à tout chercheur qui de près ou de loin s’intéresse à ces sujets.