Les processus de conversion dans l’Ancien Monde : l’exemple du manichéisme

Comme nous l’avons vu lors de chroniques récentes sur l’œuvre de Jerry H. Bentley et sur le bouddhisme, la souplesse dogmatique d’une religion compte pour beaucoup dans son succès. Le bouddhisme est emblématique de cette capacité syncrétique : il a su s’exporter, comme religion indienne, dans un univers culturel qui lui était totalement étranger, celui du monde chinois.

Un autre des meilleurs exemples de cette souplesse nous est fourni par une religion moins connue, si ce n’est péjorativement : le manichéisme, fondé au 3e siècle de notre ère par le phophète Mani en Perse (pour une biographie romancée voir Maalouf [1991]). Influencé par une enfance passée dans une secte baptiste judéochrétienne, il élabora une théogonie mêlant intimement christianisme, judaïsme, zoroastrisme (alors religion dominante de l’Empire sassanide) et bouddhisme. Ce dernier était présent par le biais des communautés marchandes indiennes qui, contournant l’Himalaya par l’ouest, s’étaient établies dans les villes étapes des routes sillonnant l’Asie du nord au sud comme d’est en ouest.

L’empereur sassanide Shâpur, après une entrevue avec le prophète vers 243, l’appuie dans ses entreprises missionnaires – peut-être y voyait-il un syncrétisme efficace à même de renforcer son influence auprès de ses voisins [Decret, 2007] ? Disposant à ses débuts d’un appui gouvernemental, réussissant à convertir dans les milieux chrétiens (nestoriens en Asie, byzantins en Europe de l’Est, catholiques en Europe de l’Ouest et au Maghreb – saint Augustin fut manichéen en sa jeunesse), la nouvelle religion va essaimer, en deux siècles, de l’Allemagne à la Chine.

Lorsque Bâhram monte sur le trône à la suite du décès de son père Shâpur, vers 273, il entend revenir à la foi zoroastrienne et combat les cultes étrangers. Mani est une des premières victimes de ce revirement. Mis au cachot, on l’y laisse agoniser. Ses textes lui survivent : il y met en scène un monde aux contours zoroastriens (disputé par les Ténèbres et la Lumière), aux accents gnostiques (le mythe fondateur mêle allégrement spéculations grecques et juives), à la cosmogonie chrétienne (les histoires d’Adam et de Jésus sont revisitées) et au vocabulaire bouddhiste (Mani se présente comme le Bouddha de Lumière). Le tout conduit naturellement à un code éthique (ne pas mentir, ni commettre d’adultère…).

Plus important encore, Mani a élaboré de son vivant une Église, déjà internationale – donc solide, puisqu’une répression d’État ne peut dépasser le cadre de ses frontières. Les fidèles se répartissent entre élus, respectant une ascèse rigoureuse, et auditeurs, au degré d’engagement et d’initiation moindres, que l’on peut considérer comme des laïcs. L’ensemble obéit à une hiérarchie d’évêques et de prêtres. En dépit des persécutions qui les frappent, en Occident chrétien dès leurs débuts pour hérésie, en Perse zoroastrienne dès les années 270 pour concurrence à la religion d’État, et en Chine taoïste au 9e siècle lors de la répression des cultes étrangers, les manichéens montrent une étonnante capacité à se maintenir : on en trouve en Allemagne jusqu’au 9e siècle, en Perse jusqu’au 8e (ils ne résisteront pas à l’arrivée de l’islam), et en Chine jusqu’au début du 17e.

La diffusion s’explique par le fait que les manichéens surent s’implanter dans certaines des communautés marchandes les plus actives, dont les Sogdiens. Par la nécessité de l’établissement de relations privilégiées entre élites locales et marchands étrangers, le manichéisme se maintint aussi longtemps que des gens pouvaient trouver intérêt à partager cette foi. Mais que le commerce cesse, et la foi considérée recule par absorption ou métamorphose. Il n’est pas exclu que, coupées de leurs bases par des répressions de plus en plus féroces, les communautés manichéennes devinrent autonomes en Europe, dans les mouvements bogomile en Europe orientale ou cathare dans le sud de la France, sur lesquels ils exercèrent a minima quelques influences décisives en matière dogmatique. Leur échec en Europe et même en Perse reste en tout cas manifeste. Isolés, ils ne surent pas consolider leurs implantations initiales et disparurent. Mais fuyant l’avancée de l’islam, les communautés de Perse se redéployèrent en force en Transoxiane, y rejoignant leurs coreligionnaires établis de longue date. Il est à noter que les communautés zoroastriennes qui refusèrent la soumission à l’islam se déployèrent de même vers l’Inde, au Gujarat, pour y faire souche. Ce sont les Pârsîs contemporains.

De la Transoxiane, les manichéens, ayant converti nombre de marchands sogdiens, s’infiltrèrent progressivement en Chine. À leurs débuts en cette terre étrangère, ils n’y surent pas convertir les autochtones, et auraient pu ainsi s’effacer…, sans une alliance décisive : En 757, les Turcs Ouighours libèrent la ville de Luoyang des armées rebelles de An Lushan, et découvrent quelques marchands sogdiens parmi les survivants. La légende rapporte qu’après de longues discussions avec les prêtres manichéens, le grand khan des Ouighours se convertit à cette foi, entraînant ses soldats. Pour la première et dernière fois de son étonnante carrière, la foi manichéenne se retrouvait patronnée par un État.

Bentley commente ainsi cet événement : « L’attraction de l’élite Ouighour pour le manichéisme représente un cas évident de conversion par association volontaire. Les Ouighours connaissaient de longue date le manichéisme, suite à leurs échanges avec les omniprésents marchands Sogdiens. Et ils avaient certainement entête que ces Sogdiens étaient à même de rendre florissant leur empire naissant, en termes commerciaux comme diplomatiques. » L’alliance fut couronnée de succès durant deux siècles : des Sogdiens servirent les Ouighours comme ministres, diplomates et conseillers, et ils leur apportèrent une écriture basée sur leurs propres écrits. De nomades, les Ouighours se sédentarisèrent, et bâtirent ce que Bentley présente comme la première grande cité implantée au cœur des steppes d’Asie : Karabalghasun. Elle fut un temps le cœur des routes de la Soie, les Ouighours obligeant la Chine à leur céder de lourds tributs sous forme de ballots de soie – la plus intéressante des monnaies de l’époque.

De cette base, les manichéens surent faire usage : ils adaptèrent leur vocabulaire et leurs concepts pour pénétrer le « marché » idéologique chinois. En témoigne un certain Xuanzang, pèlerin chinois en route pour la Bactriane, qui rencontre chemin faisant des communautés manichéennes. Celles-ci font un tel usage de termes bouddhiques que notre voyageur en ressort convaincu d’avoir parlé à des hérétiques bouddhistes. En Chine, Mani sera associé à Lao-Tseu, légendaire fondateur du taoïsme.

Leur souplesse adaptative, même ébranlée par la persécution des religions étrangères au 9e siècle qui les coupa de leurs coreligionnaires des steppes, permit aux communautés manichéennes de survivre dans l’Empire du Milieu jusqu’au début du 17e siècle, au Fujian. Un processus d’assimilation progressive aura raison de cette foi. Car pour se faire respecter de leurs voisins, les manichéens s’efforcèrent de développer une réputation de respectabilité et d’observance stricte des lois – toutes les lois, y compris les coutumes bouddhiques et taoïstes. Ils fréquentèrent assidûment les temples des autres religions, y apportèrent quelques textes de leur cru, et insensiblement y diluèrent leur identité. Les anciens autels du Bouddha de lumière sont désormais rattachés aux religions chinoises classiques.

BENTLEY Jerry H. [1993], Old World Encounters: Cross-Cultural Contacts and Exchanges in Pre-Modern Times, New York/Oxford, Orford University Press.

MAALOUF Amin [1991], Les Jardins de lumière, Paris, JC Lattès, rééd. Paris, LGF, 1999.

DECRET François [2007], « Regards sur le manichéisme », Clio.

Comment la peste affecta l’histoire : première pandémie (6e-8e siècle)

Du 6e au 8e, du 14e au 18e, puis du 19e au 20e siècle… L’humanité a subi trois grandes vagues mondiales de peste. Chacune a eu des effets dévastateurs en termes démographiques. Mais plusieurs historiens ont souligné qu’elles ont exercé d’autres conséquences : économiques, militaires, sociales et religieuses. C’est à l’étude des suites de la première pandémie que cet article est consacré.

Quand les empires vacillent

La première peste historiquement attestée atteint le Moyen-Orient et l’Europe en 541, sous le règne de l’empereur byzantin Justinien, d’où son nom de peste de Justinien. Selon le chroniqueur hellène Évagre d’Épiphanie, la maladie frappe d’abord l’Égypte, puis se propage par les routes commerciales à la Palestine, la Syrie, contaminant Constantinople en 542. La capitale byzantine, alors riche d’un demi-million d’habitants, perd en un été, rapporte-t-on, 40 % de sa population. La même année, la peste gagne les ports d’Europe occidentale, prend pied en Gaule. Grégoire de Tours la signale en Arles en 549, à Clermont en 567. L’une après l’autre, Lyon, Bourges, Dijon sont touchées… Après avoir remonté le Rhône puis la Saône, elle se diffuse le long de la Loire.

La peste a aussi mis le cap sur l’est : la Perse, ennemie jurée de Byzance, est atteinte. Les deux superpuissances de l’époque vacillent. En Syrie centrale, dans le désert du Néguev, dans la si prospère Lybie qui fournissait autrefois à l’Italie la quasi-totalité de ses céréales, des zones arides conquises par des communautés monastiques et villageoises à grand renfort d’irrigation se vident totalement de leurs habitants. Le fléau contraint à l’abandon des fermes, il entraîne l’avancée massive du désert, l’effondrement des routes commerciales et le dépeuplement des centres urbains. Il faudra attendre la fin du 19e siècle pour que le Maghreb et le Machrek retrouvent leur niveau de population d’avant 540 ! Vide démographique, effondrement des recettes fiscales permettant de payer les armées… L’affaiblissement des deux empires sera une des raisons de l’expansion foudroyante de l’islam. Au siècle suivant, les armées du Prophète abattront la Perse et manqueront de peu de conquérir Byzance, qu’elles amputeront de ses territoires moyen-orientaux.

Famines et troubles sociaux

Dès cette première épidémie, on observe clairement divers processus. D’abord, l’affaiblissement des deux empires affectés n’est pas seulement démographique. Il est aussi et tout à la fois administratif, politique, économique, militaire et social. Quand le tiers d’une population est emportée, certains corps de métiers sont décimés à tel point que des corporations cessent d’exister, des savoir-faire de se transmettre. Pour peu qu’un seuil critique de membres de l’élite soient morts ou partis se réfugier sous des cieux plus cléments, c’est toute l’administration des villes et des États qui s’effondre, à l’heure où l’organisation devient cruciale. Car la société entre en guerre contre l’épidémie et son cortège funèbre : famines et troubles sociaux se multiplient.

En 542, alors que Constantinople compte 10 000 morts par jour, l’historien byzantin Procope de Césarée rapporte que « les domestiques n’avaient plus de maîtres et les personnes riches n’avaient point de domestiques pour les servir. Dans cette ville affligée, on ne voyait que maisons vides, et que magasins et boutiques qu’on n’ouvrait plus. Tout commerce pour la subsistance même était anéanti. »

L’empereur Justinien lui-même tombe malade. Il survit. Il charge son référendaire Théodose de « tirer du Trésor l’argent nécessaire pour distribuer à ceux qui sont dans le besoin ». Il faut mobiliser des armées de fossoyeurs pour nettoyer les rues, évacuer les cadavres des maisons contaminées, creuser de gigantesques fosses communes. On recrute des soldats pour défendre les magasins alors que la famine menace, d’autres pour limiter les activités de pillage des maisons des riches défunts ou en fuite. La peste frappe indifféremment toutes les couches sociales, mais apparemment plus les hommes que les femmes, à l’exception des femmes enceintes, cibles privilégiées de la maladie. Pourquoi certaines personnes sont-elles plus affectées que d’autres ? Nul n’en sait rien. Ce n’est qu’une des nombreuses énigmes posées par cette épidémie, qui affectera de préférence, au cours de ses crises, des segments déterminés de l’espèce humaine : jeunes ou personnes âgées, hommes ou femmes…

Reste que les riches semblent plus épargnés que les autres. Plus tard, une croyance établira un lien entre le fait de porter un diamant et celui d’être épargné par la maladie. Nul besoin de croire en la magie des pierres pour expliquer la genèse d’une telle croyance. On retrouve là un schème classique de l’épidémiologie : meilleure hygiène, capacités financières permettant de se retrancher derrière des murs ou dans une maison de campagne, sollicitation d’avis médicaux de meilleure qualité… En matière d’épidémie comme en d’autres, avoir de l’argent implique de détenir de meilleurs atouts.

Un remède ? « Pars, vite, et loin »

Ce n’est pas la première fois qu’une épidémie ravage les sociétés d’Asie occidentale et d’Europe, et les savants se tournent vers les auteurs qui les ont précédés pour essayer de comprendre la nature de l’adversaire et de connaître les remèdes à lui apporter. D’abord la Bible, plus précisément le Livre des Rois, qui décrit le fléau qui s’abat sur les Philistins après qu’ils eurent dérobé l’arche d’alliance aux Hébreux, ainsi qu’une autre épidémie, qui ravage les troupes du roi assyrien Sennachérib lorsqu’il assiège Jérusalem et le contraint à la retraite. Du côté des classiques antiques, Thucydide a narré vers 430 avant l’ère commune le déroulement de la peste d’Athènes (dont on estime aujourd’hui qu’il s’agissait du typhus). La maladie frappa la puissante cité à son apogée, emportant le quart de la population et tuant notamment Périclès, lors de la guerre contre Sparte. Elle valut à Athènes une sévère défaite – bien que les Lacédémoniens, atteints à leur tour par le fléau, aient été obligés de lever le siège.

Avaient suivi les « pestes » de Syracuse (en 396 avant l’ère commune, qui décima l’armée carthaginoise assiégeant Syracuse), et surtout celle d’Antonin : active de 167 à 180 de l’ère commune, cette épidémie avait probablement été rapportée de Méditerranée orientale par les armées victorieuses de Lucius Verus. Elle connut une diffusion explosive dans tout l’Empire romain, véhiculée par les populations de tous les horizons venues assister au triomphe – défilé militaire d’ampleur –  organisé à Rome. On relève déjà des conséquences militaires : elle rendit plus difficile la lutte de Marc Aurèle contre les Germains et coûta finalement la vie à l’empereur en 180. Si tous ces épisodes pandémiques sont invariablement qualifiés de peste par les auteurs antiques, ils relèvent probablement d’autres épidémies… Typhus et dysenterie accompagnaient souvent les armées en campagne. Rougeole ou scarlatine ne sont pas non plus à exclure.

Les textes faisaient peu état de remèdes. Le seul vraiment utilisable était le conseil donné par Hippocrate : « Pars, vite, et loin. » Que faire ? Du côté chrétien, on applique des réponses élémentaires. Les auteurs antiques rendaient les miasmes, des infections aériennes, responsables de la propagation des fléaux. On évacue dans la mesure du possible tout déchet susceptible de véhiculer de tels miasmes, on interdit sporadiquement des activités jugées sales : boucherie, tannerie… La seule lutte concevable, en l’absence de toute notion de contamination, est de purifier l’environnement des mauvaises odeurs et des gens sales.

Un répit pour Byzance

Dans le contexte de l’islam naissant, le Coran impose pour sa part aux musulmans de ne pas chercher à se rendre dans une zone contaminée, mais aussi de ne pas fuir la maladie si celle-ci envahit le lieu où ils se trouvent. Ces prescriptions ont peut-être limité la diffusion de la maladie dans l’Empire omeyyade. Il est très probable qu’elles épargnent à l’Empire byzantin une défaite prématurée devant les troupes du calife Omar, car la peste ravage Constantinople au moment où les armées arabes s’apprêtent à sauter le Bosphore pour s’en emparer. Respectant la consigne divine de ne pas se rendre en zone d’épidémie, les armées de la nouvelle religion tournent casaque.

Le cadre mental d’interprétation, dans le christianisme, est formaté par un passage de l’Apocalypse selon Jean qui estime que le règne de l’Antéchrist verra un fléau emporter le tiers de la population. Au 6e comme au 14e siècle, les chroniqueurs vont en conséquence estimer que le tiers de leurs contemporains a péri… Alors que ces deux flambées ont peut-être emporté davantage de victimes : 30, 40, 50 % de la population… Nul ne saurait aujourd’hui l’estimer. Ce qui est sûr, c’est que la démographie chute : aux morts emportés directement par la maladie, s’ajoute le déficit de naissances consécutif au décès massif de reproducteurs potentiels… Sans compter que la maladie refrappe plusieurs siècles durant, à intervalles réguliers, au fil de cycles qui peuvent compter cinq, dix, douze ou vingt ans. Dans ce contexte s’inscrit la phrase de Procope, qui estime que « l’épidémie détruisit presque tout le genre humain ». S’y ajoutent aussi des maladies opportunistes, qui exploitent la faiblesse des corps humains et sociaux pour se diffuser à leur tour : à partir de 570, l’Europe connaît ainsi ce que l’on estime être sa première épidémie de variole, qui conjugue ses attaques avec celles de la troisième poussée de la peste de Justinien.

Processions, prières et Jugement dernier

Ces terribles mortalités affectent les mentalités : dans le christianisme, les calamités sont désormais expliquées par le péché collectif, quand elles étaient jusqu’alors imputées à la simple colère divine ; ceci en référence à l’épisode biblique où Dieu, afin de punir les Égyptiens de l’esclavage qu’ils exercent sur les Hébreux, frappe l’Empire pharaonique. Se forge l’image d’un Dieu de colère, se matérialisent des pratiques nouvelles. En 590, le pape Pélage II décède de la peste. Son successeur, Grégoire le Grand, organise une procession marquée par une vision collective millénariste : l’Ange exterminateur apparaît, rangeant dans son fourreau une épée rouge du sang de l’ennemi pestilentiel. L’épidémie cesse aussitôt, l’endroit sera appelé le château Saint-Ange. C’est aujourd’hui un musée, surmonté d’une statue commémorative de l’archange saint Michel.

La pandémie permet aux autorités ecclésiastiques d’affirmer la prééminence des sites chrétiens en organisant des pèlerinages. La procession devient la réponse instituée aux accès de la maladie. Concoctées dans le monastère bénédictin de Saint-Gall, de nouvelles prières, les Rogations, se diffusent à grande échelle. Dans un contexte marqué par l’attente du Jugement dernier, les manifestations de contrition collective se multiplient. Elles visent à renforcer la cohésion sociale ébranlée par des prophètes ou des meneurs populaires, qui essaient de fédérer les mécontentements afin de défier les élites. Dans ce contexte apocalyptique, l’Église promeut la notion de pureté chrétienne. Revenir à la foi permet au corps social de surmonter l’épreuve.

Quelque part entre les 8e-9e siècles, la peste disparaît d’Europe et du Moyen-Orient. Aux alentours de 610, une épidémie similaire a frappé, à l’autre bout de l’Eurasie, la Chine, amputant peut-être sa population d’un tiers. Pour près de cinq siècles, le monde va oublier le fléau, et les populations survivantes perdre l’immunité qu’elles avaient si chèrement acquise…

BOURDELAIS Patrice [2003], Les Épidémies terrassées. Une histoire de pays riches, La Martinière (Paris).

GUALDE Norbert [2006], Comprendre les épidémies. La coévolution des microbes et des hommes, Les Empêcheurs de penser en rond (Paris).

HERLEHY David [1997, trad. fr. par Agnès Paulian, 1999], La Peste noire et la Mutation de l’Occident, Gérard Montfort Editeur (Paris).

MOUTOU François [2007], La Vengeance de la Civette masquée. SRAS, grippe aviaire… D’où viennent les nouvelles épidémies ?, Le Pommier (Paris).

NAPHY William et SPICER Andrew [2000, trad. fr. par Arlette Sancery, 2003], La Peste noire, 1345-1730. Grandes peurs et épidémies, Autrement (Paris).

VITAUX Jean [2010], Histoire de la peste, Puf (Paris).