Une fois n’est pas coutume, nous ne mettons pas en ligne aujourd’hui de texte sur les pérégrinations globales de telle plante stimulante, sur les ambiguïtés de nos cartes du monde ou sur le commerce dans l’océan Indien au 12e siècle. Après six mois de fonctionnement quelque peu formel, voire par trop anonyme, nous avons souhaité faire le point sur ce qui a été fait dans ce blog, nos projets, nos interrogations…
Depuis janvier 2010 nous avons publié tous les lundis un court texte qui explorait un thème, un problème, un auteur… De façon volontairement impressionniste, voire pointilliste, nous avons choisi un traitement très large, sinon éclectique, des sujets que l’histoire globale aborde aujourd’hui dans une littérature devenue foisonnante, y compris désormais en français. De ce fait, le lecteur fidèle (mais existe-t-il ?) aura pu s’étonner chaque lundi de découvrir un sujet bien peu attendu, voire quelque peu loufoque… Il aura pu aussi s’offusquer de ne pas voir de ligne éditoriale stricte quant au contenu, et encore moins de plateforme méthodologique claire et affirmée. Sans mésestimer les inconvénients entraînés par ces « manques » objectifs, il importe de souligner aujourd’hui que cette position est, pour le moment en tout cas, un véritable choix. Dire d’abord ce dont parle l’histoire globale, en donner la saveur au lecteur, en montrer les enjeux pour aujourd’hui, nous est apparu comme primordial. Par ailleurs un certain nombre de livres ou d’articles proposent des conceptions théoriques très affirmées de ce qu’est, ou devrait être, l’histoire globale. Nous y renvoyons volontiers le lecteur… Notre pari a été, dans un premier temps, plus de faire de l’histoire globale que d’en parler…
Bien évidemment on nous accusera d’empirisme, de méconnaissance des postulats théoriques ou idéologiques qui peuvent contaminer nos papiers. Et de fait, les questions de méthode vont désormais occuper un espace plus grand dans nos colonnes, à partir de la rentrée, aux côtés de textes plus conformes à notre courte tradition. Le débat sur les méthodes est en effet incontournable, mais un positionnement strict en la matière de l’équipe rédigeant ce blog serait sans doute contre-productif : nous ne sommes pas très nombreux et de fait bien différents. L’œcuménisme est plus que jamais de mise…
En revanche, et même si nos lecteurs ont été quelques-uns à réagir sur tel ou tel billet publié, nous souhaiterions aujourd’hui dialoguer davantage avec eux. D’abord pour savoir un peu mieux ce qu’ils désirent et attendent de ce blog qu’ils consultent plus ou moins régulièrement. N’hésitez pas à vous manifester. En particulier, la question que nous nous posons est de savoir si, aux côtés des textes traditionnels, il serait intéressant de faire régulièrement le point sur les publications, colloques, manifestations liés à la discipline de l’histoire globale. Dans l’immédiat, nous nous proposons d’entamer, dès le début septembre, une chronique mensuelle sur l’agenda de ces manifestations. Sous la responsabilité de Laurent Berger, cet agenda pourrait aussi être nourri des informations données par nos lecteurs…
En attendant, l’équipe animant ce blog va prendre quelques vacances. Mais nous n’allons pas laisser s’installer un grand silence… Durant l’été nous allons continuer de publier mais, cette fois, des textes déjà parus ailleurs, électroniquement ou sur papier. La revue Sciences humaines, qui nous a prêté une partie de sa logistique et sans qui, de fait, ce blog serait quasiment impossible, nous fournira quelques textes parmi les meilleurs de ses publications récentes. En attendant, nous vous souhaitons de découvrir un peu le monde cet été au cours de vos pérégrinations : c’est là le meilleur des prétextes pour continuer à « faire » de l’histoire globale.
Pour l’équipe d’animation du blog : Philippe Beaujard, Laurent Berger, Christian Grataloup, Philippe Norel, Laurent Testot.
Je tiens à vous rassurer sur un point: le lecteur fidèle existe. Je suis abonné à votre flux rss et lis tous les articles, toujours avec grand plaisir!
La question « existe-t-il seulement un lecteur fidèle? » trahit sans doute l’envie exprimée plus loin, celle d’engager le dialogue avec les lecteurs et les lectrices. Je ne tiens pas moi-même de blog et ne peux pas vraiment donner de conseil pour cela. Je peux par contre vous dire pourquoi je n’ai jamais laissé de commentaire, alors même que je vous suis régulièrement.
Pour engager la conversation, faisons connaissance pour commencer! J’ai 24 ans, je suis suisse, étudiant en histoire en Master à l’Université de Lausanne. Bien souvent, après vos articles, je me suis senti comme un étudiant dans un colloque: « woaw, c’est passionnant… » est le sentiment ressenti suite à un exposé pointu et factuel. De là à commenter, quand on connaît mal le domaine et la bibliographie invoquée, c’est un pas difficile à franchir. Sans doute peut-on laisser un commentaire du type « merci pour cet article intéressant! », mais ce n’est pas vraiment là engager une conversation 🙂
Outre le contenu, la forme joue également un rôle. Dans la presse écrite, il est usuel de parler « du lecteur », tout comme pendant longtemps on a banni l’usage du « je » – au point que j’ai pu lire dans un ouvrage académique des « remerciements à notre mari », ce qui devient franchement ridicule. Sur la toile, dans les blogs, on parle au lecteur en lui disant « vous ». On hésite moins à dire « je », et même parfois à exposer ses doutes, ses cheminements.
Comme je le disais, je ne peux dire si changer ceci ou cela permettrait d’obtenir plus de réactions – dans mon cas, d’autant plus que l’histoire globale n’est pas vraiment mon domaine d’études, la barrière des connaissances restera peut-être. Si d’autres lecteurs et lectrices se présentent aussi, vous en saurez sans doute plus!
Puisque vous parlez de méthode, j’ai une réaction, une question tout de même (qui constitue peut-être une idée d’article?). On lit ici et là (sur votre blog sans doute également) que les historien·ne·s en France se consacrent trop peu à d’autres pays. Si l’histoire globale est un programme de recherche passionnant et légitime, elle pose des problèmes pratiques nombreux. Comment « aller en archives », dépouiller des sources régulièrement, quand on se trouve à des milliers de kilomètres, quand la langue et même l’écriture nous sont inconnues? Comment la recherche est-elle organisée aux États-Unis, où une proportion importante des historiens travaille semble-t-il sur d’autres régions du monde? Et comment l’enseignement y est-il fait? J’imagine mal des étudiants préparer des exposés de séminaire sur la France ou l’Allemagne s’ils n’en maîtrisent pas la langue? Pour être honnête, cette question se pose de toute façon: pas d’histoire médiévale sans connaissance du latin, pas d’histoire suisse sans l’allemand et le français. Elle semble pourtant accrue pour un programme d’histoire globale.
Voilà un commentaire un peu long, je m’en excuse! Dites-vous que je rattrape ainsi mon retard!
Bonjour,
Je vous lis avec plaisir assez régulièrement et me demandais si vous pourriez nous en dire plus justement sur les membres de votre équipe. La partie « Qui sommes nous ? » est en effet assez succincte et ne présente que vos noms. J’avoue que je serais curieux de savoir pour qui vous travaillez ou bien quels livres ont pu écrire certains d’entre vous par exemple.
Amicalement,
Sarukhan
Belle vacances à toute l’équipe ! Et encore bravo pour le passionnant travail dont vous nous faites profiter.